Mercredi 27 août 2008
à Dijon
«
Je l'ai vu a Madrid »
Ces mots lâchés par Sylvia, grande rouquine mince aux cheveux longs, nous interpellent. Nous, c'est Lilian et moi. Nous sommes assis près du bar, celui du Dionysos évidemment. Ils nous interpellent d'autant plus qu'elle avait prononcé le nom de Julian juste quelques mots auparavant. Lilian se redresse, comme s'il avait pu en se levant de sa chaise être encore plus près du comptoir et des deux jolies demoiselles qui discutent. Celles-ci l'ont remarqué, Lullaby lui sourit, mais la fameuse Sylvia est loin d'être aussi enthousiasmée par sa présence. Il bafouille tout de même : « Julian... mon frère... à Madrid »
Je sens moi aussi une certaine excitation m'envahir. Nous toucherions au but. Je n'ose y croire. Les informations que nous cherchions depuis plus d'un mois sur Julian sont là, à quelques phrases de nous, dans la bouche de cette jolie rouquine.
Mais Sylvia ne semble pas disposée à sortir d'entre ses dents le moindre morceau de bout de bribe de renseignement.
« T'es qui toi ? Qu'est ce que tu veux ? »
Heureusement Lullaby est là, et elle nous connait.
« Ma belle c'est le petit frère de Julian. Tu peux lui dire où tu l'as vu, il a peut-être envie de le savoir.
- Oui j'aimerais bien, s'il te plait.
- T'es son petit frère depuis combien de temps ?
- Je... Ben...
- Laisse tomber, je te charrie. Quand j'ai vu ce bâtard il était serveur à l'Underground à Madrid.
- C'est tout ?
- Quoi, tu veux que je te raconte aussi comment il a voulu me violer en espagnol non sous-titré ce connard ?
- N'importe quoi ! Qu'est ce que tu racontes ?! »
Un silence avant qu'il ne reprenne.
« Merci quand même. On va aller le chercher. Donc l'Underground à Madrid. Merci beaucoup. »
Il se rassied avant de demander à Lullaby un morceau de papier pour le noter. Plus rapide que la serveuse, je lui tends le stylo qui lui permettra d'écrire sur la serviette en papier.
Julian est à Madrid. Nous n'en revenons toujours pas. Pas encore. Nous en reviendrons avec lui. En tout cas c'est comme cela que c'est censé se dérouler. Nous établissons depuis notre QG du 6 rue Docteur Chaussier un itinéraire compliqué : tout droit et le plus rapide possible de Dijon à Madrid. Il nous trouve sur Internet des billets pour partir demain à 23h47 et arriver à Madrid à 8h16. Avec une unique correspondance à Salon de Provence. Pour la modique somme de... ah si tout de même. C'est bien pour Lilian que je fais ça. Je paie, non sans déglutir amèrement, mon billet de train, avec le reste de ma paie du mois de juillet.
Je ne vais pas tarder à rentrer chez moi. Je n'ai qu'une journée pour me reposer, préparer mes affaires et mon départ. Et annoncer à ma mère que je m'en vais à nouveau.