Fragment #3 - Surprise macabre

Ma soirée avec Charlotte était un pur moment. Enfin, pur n’est pas vraiment le qualificatif. C’était un moment salé, oui, c’est le mot, salé.

Elle est arrivée vers 18h30 et je l’ai directement invitée à prendre un verre dans ma chambre. Il faut savoir que j’ai un petit bar où je sers mes cocktails. J’aime préparer les cocktails. Pour elle c’était un Mojito. Un peu de glace pilée, ensuite de la menthe fraiche, un peu de sucre et du citron vert, on pile encore une fois, quelques glaçons, un maximum de rhum et un tout petit peu d’eau pétillante, le tout trois fois de suite et elle n’avait plus aucune retenue. On discutait musique sur mon lit. Elle me parlait d’un groupe de HardCore. Quand j’ai capté qu’elle parlait de My Chemical Romance, j’ai su que c’était le moment de la faire taire. Heureusement qu’elle est bien foutue, sinon je lui aurais dit de dégager.

J’ai donc commencé les négociations, une main sur la cuisse, je penche ma tête vers elle et l’embrasse pendant longtemps. Ma main remonte le long de son pantalon, soulève son t-shirt, je dégrafe son soutien gorge, on est tous les deux torse nu. Ses petits seins, fermes, piquants, se frottent contre mon torse, je déboutonne son pantalon, et trouve directement son sexe, épilé en v, elle n’avait pas mis de culotte. N’en pouvant plus, je dirige ma tête vers celui-ci et commence à lécher. D’abord le bas, entre les grandes lèvres, et ensuite au dessus, le clitoris. La mouille était salée, vraiment pas désagréable... Je me relève et l’embrasse, à son tour elle enlève mon pantalon et me suce vigoureusement pendant quelques minutes. Elle s’allonge sur mon lit, elle écarte les jambes, le temps pour moi d’enfiler un préservatif –fruits des bois– et me voilà sur elle. Position classique, mais très agréable. La sueur commence à perler, on s’embrasse le cou, les lèvres, c’est aussi salé. Et ainsi de suite jusqu’à l’extase. L’extase, mais pas l’orgasme. Je n’ai eu qu’un orgasme. Mais je ne veux pas y penser, plus jamais. Il n’empêche que c’était très bon. Ayant eu ce que je voulais je l’invite à retourner chez en elle en prétextant l’arrivée d’amis à 20h.

C’était il y a trois jours. Les deux jours suivants, mes journées étaient tout à fait classiques. Réveil à 14h, et vagabondage en ville avec mon appareil photo, sans malheureusement prendre de photos sortant du lot.

7h50 du matin. Mon gsm a sonné il y a 20 minutes, mais je suis toujours entrain de comater dans mon lit en me rappelant les jours passés. Bon, il faut que je me remue j’ai rendez vous avec Lisa à 10h devant le Bulex. Le temps de prendre ma douche, de me préparer et d’y aller à pieds ça va être juste. Dans ma douche je pense à Lisa. Qu’est ce qu’elle est bien cette fille. Grande, élancée, de longues jambes une poitrine moyenne ferme. Mais plus que ça, elle est intelligente, drôle, et tellement talentueuse. Surtout totalement inaccessible, elle est lesbienne. Bon ce n’est pas le moment de me masturber en pensant à une collègue, je dois me grouiller.

A peine en retard, 10h08, me voilà devant le Bulex, Lisa est déjà là. Ma première impression est très bonne. Vielle école à la façade lugubre. Nous entrons par une fenêtre et commençons à explorer le bâtiment. De nombreuses fêtes presque légales ont lieu ici, et des artistes urbains s’en sont donnés à cœur joie, il y a de superbes peintures murales, et de magnifiques graffitis. On passe de salle de classe en salle de classe, et nous voilà dans le gymnase. On commence à se balader entre les vieux fauteuils ramenés par d’anciens squatteurs, lorsque soudain, on voit derrière un meuble un homme, la trentaine, inerte, la seringue au bras. On s’approche, on l’appelle, le secoue, mais il ne bouge pas. Pas de pouls il est mort. Lisa veut appeler les flics, mais je lui ordonne d’attendre, je veux faire des photos. Je sais que c’est macabre, déformation professionnelle. Les photos prises (de belles photos d’ailleurs) on appelle les flics. C’est la merde, on n’avait pas le droit d’être là. La police vient et nous arrête, Lisa peut repartir mais je vais devoir passer la nuit au commissariat, étant fiché en tant que revendeur de drogue potentiel. Heureusement je n’avais rien sur moi et je n’avais rien pris depuis quelques jours, aucune raison de me faire une prise de sang. Et maintenant je tourne en rond dans cette petite cellule du plus gros commissariat de Bruxelles. Ca pue, la toilette de ma cellule est en panne et la personne de la cellule d’en face est un gros porc de 50 ans qui se branle en me regardant. Je suis crevé, je m’installe sur la couchette et sombre dans un sommeil agité.