Fragment #7 – La mer

Tu vois ma puce, ça c'est la mer. Elle s'appelle Méditerranée, parce qu'elle est au milieu des terres, à l'intérieur. Les romains, ils l'appelaient Notre Mer. Tu as vu comme c'est grand ? Grand comme le ciel, mais encore plus bleu. Et ça ma puce, c'est le sable. C'est lui qui arrête les vagues. Tu veux faire un château de sable ma puce ? Regarde, on va d'abord prendre le petit seau qu'on a acheté, on va le remplir avec du sable mouillé, on tasse bien, et hop, on le retourne. Regarde, ça fait comme une tour, tu as vu ? On en fait une autre ici, voilà, comme ça, et puis on ramène du sable pour faire un rempart entre les tours. Encore plus haut, oui, comme ça, plus haut encore. Je vais faire un château pour te protéger, une forteresse de sable autour de toi, ma puce. Toi dans ta toute petite robe de lin, et ton petit chapeau, comme une vraie demoiselle, qui couvre tes cheveux bouclés. Ma princesse. Je vais construire des murs que la mer ne pourra pas avaler, que ta mer ne pourra pas briser. Tu seras toute à moi mon ange. Je ne veux plus te partager.
Mais tu es fatiguée, tu deviens rouge, tu te mets à pleurer. Tu en as marre de ce château, marre du sable, et du te mets à tout casser en pleurant. Ma Léa. Ma petite lionne. La mer, derrière nous, commence à s'agiter. Ses vagues viennent laver les ruines du bastion.
Viens, on rentre à la maison.