Fragment #447 - J'aurais voulu être un Malvo

Dimitri n'a aucune visite. D'après ce que j'ai compris, c'est comme ça jusqu'à ce qu'il se décide à ouvrir la bouche. Je trouve le traitement un peu dur, mais quand je vois ma mère débarquer, je ne peux pas m'empêcher de l'envier. Maman arrive avec son beau manteau noir à fourrure, son brushing impeccable, sa peau rafraîchie et ses bijoux. Elle vient s'asseoir à côté de mon lit, avec son regard plein de pitié et de fard, elle me scrute et une moue vient sensiblement contracter ses lèvres, comme un tic de répulsion. Oui Maman, c'est bien moi, toujours là et toujours cinglé. Maura est derrière elle, elle me lance un sourire qui me réchauffe le cœur. Le contraste est tel entre ma mère, qui chercherait presque à me faire culpabiliser de lui causer tant de souci, et cette jeune infirmière, quasi étrangère, qui compatit sincèrement à mon état, que je sens mon cœur au bord de l'explosion. La vie est vraiment trop injuste ; j'aurais voulu être un Malvo.
« Comment ça va mon chéri ? demande Maman. »
Franchement, regarde-moi et dis-moi que tu ne peux pas deviner toute seule.
« Il ne peut toujous pas parler, Madame Mahogany, à cause des médicaments que lui ont donné les médecins, explique Maura d'une voix douce.
- Je sais, casse Maman d'un geste autoritaire. Ils me le disent à chaque fois. Mais pourquoi ces maudits médicaments l'empêchent-ils de parler ?!
- Je ne saurais pas vous expliquer, mais M. Boyer, le psychologue, pourra sans doute vous en dire plus que moi si vous allez le voir. Le cas de votre fils est particulièrement complexe. »
Je sens l'attention de Dimitri se durcir dans le lit voisin. Tant mieux, j'ai envie de l'impressionner.
J'ai envie de sourire en entendant que je suis particulièrement complexe.
C'est pas toi qui sourit, connard.