Fragment #11 - Il était là

Ce soir, Alex quitte Dijon pour aller faire sa formation de pompier en Ile-de-France. A Villeneuve-Saint-Georges, plus précisément. Alors forcément, on ne se verra plus beaucoup.
Il fait beau, aujourd'hui, mais j'ai le cœur lourd. C'est dimanche, et mon meilleur ami s'en va. On marche dans les rues de Dijon, on déambule sans trop savoir où on va, entre les pavés et les toits d'ardoise jaune et noire. Elle est pas jolie notre ville, Alex ? Pourquoi tu la quittes toi aussi ? Oui, je sais bien, c'est pour ta formation, mais si tu savais comme tu vas me manquer ! Déjà, quand Julian est parti, j'ai eu du mal à comprendre ce qu'il y avait de mieux là-bas qu'ici. Bon, c'est sûr, c'est la capitale, c'est pas comparable. Mais moi j'aime mieux le charme de notre petite ville, où je croise des gens que je connais, où je me sens chez moi. Elle me rassure, en fait.
On finit par se poser sur le rebord de la fontaine, place François Rude. On ne sait pas trop quoi dire. C'est moche, cette situation. Un meilleur ami, c'est super important. Depuis combien de temps est-ce qu'on est inséparables tous les deux ? Quand on y réfléchit, c'est pas si vieux finalement. Ca remonte à la Terminale S. Avant, on se parlait pas tant que ça. Au début, même, je me souviens que c'était bizarre, je croyais que j'étais amoureux de lui, alors qu'en fait, pas du tout. Je n'avais jamais eu un un ami garçon. C'est bête à dire, mais traîner avec des filles, c'est pas pareil. Je me souviens du Jour de l'An qu'on avait passé ensemble, chez une amie du copain d'une amie de Lola, la fameuse Christelle. Et puis je me souviens du jour où je lui ai dit que j'aimais les garçons et pas les filles. Alexandre était là pour moi. Il était là quand j'ai eu besoin de lui pour retrouver Julian, pour aller à Paris, à Madrid, à Barcelone. Il était là.
Maintenant, j'ai envie de pleurer.