Fragment #78 - Petit déjeuner au lit

Je me réveille en sursaut, une vision de Marc Rozia gravée su la rétine. Je me suis encore endormi dans le canapé. Je mets un petit moment avant d'émerger. L'appartement est silencieux. Un regard sur l'horloge du lecteur DVD. Sept heures quinze. Je me lève et traverse l'appartement en direction de la cuisine. Je mets la vaisselle d'hier soir dans le lave-vaisselle. Direction la salle de bain, un thé à la main. Je pose la tasse brûlante sur le bord d'un des lavabos de l'immense salle de bain principale. Cet appartement est vraiment immense. Je prends une douche rapidement et m'essuie. La buée a recouvert les miroirs. Contrairement à mes habitudes, je frotte un des miroirs et m'y regarde. A chaque fois que je fais cela, je me fais un peu plus peur. Je n'ai pas grossi, n'ai pris aucune couleur, mais des égratignures sont encore visibles sur l'ensemble de mon visage. Au bout de quelques minutes d'état des lieux physique, je laisse tomber. J'enfile mes vêtements et retourne dans la cuisine. Je me sens réveillé. J'ouvre le frigo, attrape le jus de fruit, et en sers un grand verre. Je pose ce dernier sur un plateau, au côté de raisins et de pommes. Je dépose aussi une tasse de café dessus. Je grignote vite fait une tartine de pain avant de soulever le plateau et de l'emmener jusqu'à ma chambre.
J'ouvre la porte. Les rideaux entrouverts laissent entrer un peu de lumière. Je n'allume pas et pose le plateau sur mon chevet. Une fois cela fait, je reste dans l'embrasure de la porte. Je n'ai pas envie de la réveiller. Elle a l'air si fragile. Laura se réveille. Elle tire les couvertures sur elle.
« Qu'est-ce que tu fais ? »
Je suis surpris par son ton méfiant, presque agressif. J'arrive à bredouiller quelques mots.
« Euh... Je t'apportais le petit déjeuner. »
Je lui montre timidement du bout du doigt le plateau.
« Ok, j'ai cru que tu me matais. 
- Je n'oserais pas. »
J'évite de la regarder directement dans les yeux. Je n'en ai pas encore le courage. Je me retourne pour rejoindre le salon.
« Si tu as besoin de quelque chose, je suis dans le salon. 
- Euh Damien ?
- Oui ?
- Merci.
- Y'a pas de soucis... J'ai mis du café, mais si t'aimes pas, je peux te faire un thé, ou ce que tu veux.
- Merci. »
Je referme la porte de la chambre derrière moi.