Fragment #16 - En chien

A l'hôpital, c'est une sale période. Parce que depuis que Paul sort avec ma fucking-friend, je me retrouve un peu en chien, la queue entre les jambes. Et du coup, Sally m'adresse plus du tout la parole, et Paul non plus. La petite externe, Mathilde, me harcèle tous les jours, je crois qu'elle est amoureuse de moi (normal, mais bon, de là à le montrer comme ça, y en a qui ont vraiment aucune décence), ou même qu'elle me voue une sorte de culte, comme si j'étais son dieu vivant. J'ai beau la rembarrer encore et encore, elle s'accroche comme une tique. Ok, je me la suis faite rapidement, entre deux vagues de patients aux urgences, ça doit être pour ça qu'elle insiste, d'autant que ce jour là j'ai été particulièrement bon. Elle, par contre, c'est autre chose. Incapable de me faire ressentir quoi que ce soit, tellement elle était stressée. Si tu t'en sens pas capable, ça sert à rien de faire crac-crac au boulot, ma cocotte, contente-toi de fantasmer.
Il reste Maura, du coup. Maura l'insaisissable. Cette fille-là me fascine, et encore plus quand elle me voit pas. Quand elle passe à côté de moi, c'est pas qu'elle m'ignore, c'est qu'elle est même pas consciente de ma présence. Comme si j'étais invisible à ses yeux. Peut-être que je pourrais en profiter pour entrer chez elle un soir, la regarder se déshabiller dans la salle de bain, entrer nue dans la douche, se frotter le corps avec de l'eau et du savon...
« Salut Florian...
- Salut Mathilde.
- T'es encore en train de rêvasser ?
- Ta gueule.
- Oh, t'es pas cool ! Je peux te parler d'un truc deux minutes ?
- Non. »
Si je la laisse s'accrocher, j'en aurai pour la journée.