Fragment #86 - Accusé de réception

Sean et moi nous sommes pris une heure pour aller prendre l'air. Non pas que le temps nous pousse à être dehors, mais bon, huit heures par jour dans un bureau, j'ai un peu perdu l'habitude. On sillonne les rayons de la Fnac. Rayon Indépendant. Mes yeux se posent tour à tour sur les pochettes du dernier Calexico, du dernier Mogwai ou encore du dernier Vic Chesnutt. La carte risque de chauffer. Sean, lui, a déjà les mains pleines. Des livres en anglais, des dvd et quelques cds.
« I know. I spend too much. »
Je craque aussi. J'emporte quelques cds. Nous passons encore un petit moment dans les rayons de disques, parlant de musique avec passion l'un comme l'autre. Vrai qu'aussi loin que je me souvienne, la musique a toujours eu autant d'importance que la photo. Je vagabonde dans les rayons des livres. Je m'attarde sur quelques livres de photos. Rien de bien transcendant. Bon, je m'écrase parce que je suis encore loin de bien des photographes présents dans ce rayon. Je me retourne et découvre sur l'étagère derrière moi, les livres de cinéma. Laura me vient tout de suite à l'esprit. Je repense à cette étreinte. A sa chaleur contre moi, aux larmes sur ses joues. A son corps... Je sors mon portable de ma poche. Hésitation. Je regarde le petit nom brillant sur l'écran. Laura Firent. J'appuie sur la touche d'appel. J'entends une première sonnerie. Et merde. Je vais lui dire quoi. Elle ne pense pas à moi, Laura. J'en suis quasiment sûr. Je remets le portable dans ma poche. J'essaie de me concentrer sur les ouvrages devant moi. Pas moyen. Je ressors mon portable, mais pas pour appeler. Je pianote rapidement sur mon portable. Je relis ce que je viens d'écrire. Salut. Ca va ? J'espère que oui. Porte toi bien. Dam. J'appuie sur envoi. C'est suffisant. Et puis je ne m'attends pas à une réponse alors, c'est tout, c'est bien. Sean me rejoint, les mains encore plus chargées. Mon téléphone vibre dans ma poche. Accusé de réception : Message envoyé à Laura Firent.