Fragment #22 - Job alimentaire

Voilà, c'est fait. Je suis allée sur le site de recrutement de McDonald's, et j'ai postulé, comme une idiote. Et voilà que j'ai rendez-vous dès cet après midi pour travailler là-bas dans la semaine. Ils vont vite, à McDo, ils n'ont pas de temps à perdre. Je rencontre l'homme qui gère les recrutements du fast-food dans tout le centre de Paris, une espèce de pervers qui me fait douloureusement penser à Patrick, et qui passe tout l'entretien à parler en regardant mes seins. Il m'assigne au McDo qui se trouve place de la Rep', génial, en plus je vais me retrouver là où a bossé Julian, je me sens vraiment chanceuse. Un papier à la main, je me rends sur place depuis le Forum des Halles et me présente à la caisse auprès d'une jeune fille coréenne. Juliette apparaît à côté d'elle et s'écrie :
« Oh ! Laura ! Tu viens bosser chez nous ?!
- Eh oui...
- Passe de l'autre côté, viens vite. »
Je passe la porte cachée à côté des caisses, et je me sens bizarre. Je suis de l'autre côté du rideau qui sépare le monde des clients du monde de McDonald's. Et cette idée me fait vraiment chier.
Juliette me fait la bise, toute excitée. Il faut que j'aille voir une prénommée Sofia, parce que c'est elle maintenant qui gère la partie administrative. La petite coréenne, Kim, me guide dans la cuisines, j'entends des garçons siffler sur mon passage, puis m'indique un escalier qui descend.
« C'est juste en bas, elle me dit. »
Je la remercie d'un signe nerveux de la tête, descends les marches, et me retrouve devant le bureau de Sofia, une fille basanée dont les mouvements de paupières surexcités m'agacent déjà. Pense à ton loyer, Laura, pense que tu n'as pas envie de retourner à Plombières auprès de Sylvie, pense à combien tu aimes Paris.
« Salut, elle me fait en raccrochant son téléphone, c'est toi Laura, la nouvelle ?
- Oui, c'est moi, je réponds en lui tendant mon papier, qu'elle parcourt du regard.
- Dispo dès que possible, c'est parfait, tu peux commencer mercredi ? »
J'acquiesce. Ce mouvement de la tête me coûte beaucoup, mais je n'ai pas le choix.