Fragment #22 - Grève aux urgences

Aujourd'hui, les urgentistes sont en grève partout en France. Parce que c'est la galère. Le problème avec la grève dans un hôpital, c'est qu'on peut pas arrêter de soigner les gens juste pour revendiquer des trucs et des machins, sinon, les gens, ben ils meurent.
Du coup, c'est la guerre entre les infirmières à Saint-Lucas, parce qu'il y a les gens comme Sally qui sont prêts à tout, même si les patients clamsent, et de l'autre côté les gens comme Maura, qui sont pour la grève mais qui bossent quand même à fond, parce qu'ils pensent que la vie compte avant tout. A la base, moi, je suis dans le camp de Sally. Mais vu que Maura pense autrement, je suis un peu paumé dans ma tête, je sais pas de quel côté me ranger. Des fois je me dis que putain j'en ai rien à foutre de toute façon, que je suis juste technicien ici, qu'on s'en fout de moi et de mon avis. Et pis je repense à Maura, à la façon dont elle parle, à ses idées à elle. Ca me laisse le cerveau tout embrouillé.
Surtout que depuis l'autre jour, quand elle m'a entendu parler au téléphone avec Julian, Maura me regarde quand elle passe à côté de moi dans un couloir, elle me dit bonjour, elle me sourit.
Maura Malvo... Ca m'a fait bizarre, vendredi soir, de rencontrer son père, Louis, le patron du bar où mon frère a bossé en 2007, le Dionysos, rue Amiral Roussin. Un coin sympa, peut-être que j'y retournerai. Ca avait l'air d'être un brave type, ce Louis.
Lilian nous a présenté une copine à lui, Déborah, une petite blonde mignonne mais un peu froide, et je trouve qu'ils ont l'air de bien s'entendre tous les deux. Avec un peu de chance, elle va nous le ramener du bon côté.