Fragment #164 – Des projets pour Noël

“No, Mamá, lo siento, pero no puedo venir a Madrid para la Navidad.
- ¿ Porqué ? ¿ Trabajas ?
- No, no trabajo, pero no puedo.
- Tus hermanitas quieren verte, y yo también.”
Oui, je sais que cela fait longtemps qu’on ne s’est pas vu, je sais que l’argent que je vous envoie ne fait pas tout. Mais je sais aussi que je ne peux pas te dire que je suis invitée dans la famille de ma copine.
“Intentaré. No puedo prometer que podré, pero intentaré. Me voy. Da muchos besos a Paula y Crístina. Te quiero, Mamá.”
J’ai mal à la tête. Je devrais éviter de passer autant de temps au téléphone, avec ces conneries d’ondes. Mon peignoir glisse à mes pieds, je me traîne jusqu’à la salle de bain. Mes poils se hérissent, je devrais penser à mettre le chauffage en route. L’eau froide m’éclabousse la jambe, je fais remonter le jet tandis qu’elle se réchauffe. Une fois mouillés, mes cheveux pèsent une tonne. C’est le moment d’essayer les shampooings qu’Erick m’a conseillés. La mousse alourdit un peu plus ma tête ; puis elle coule le long de mon dos pour finir sur mes fesses. Je sens que je souris malgré moi. Je n’ai pas arrêté depuis deux semaines, de shooting en party VIP, de gueule de bois en meeting avec des responsables de marques. Je suis le nouveau visage de Noël d’une grande chaîne de parfumerie ; quelle ironie. Je déteste cette fête, je déteste le mois de décembre, le froid qui m’engourdit, la fin de l’année. Les soi-disant traditions religieuses qui ne servent qu’à se gaver.
Il faut que j’arrive à convaincre Lulla de me laisser emmener Roxane chez Harrod’s. Elle pourrait bien m’aider pour les cadeaux de mes deux colombes. Et puis je l’aime bien cette gamine. Elle a un sacré caractère, apparemment, ça vient de son côté O’Shannachan mais… Je sais pas, elle a un truc, elle est trop jeune pour me juger. Et elle me fait tellement penser à Paula.
Je m’enveloppe dans une serviette toute chaude, j’adore ce nouveau porte-serviettes chauffant.
En revenant dans la chambre, je me rends compte que je n’ai toujours pas installé ma « box » pour avoir Internet. Comme si j’avais le temps d’aller sur Internet.
Bon comment je m’habille ? Ce soir, je dîne avec M. Mizri, pour parler de notre « contrat ». Je sais qu’il refusera quelconque modification, alors autant me préparer pour un autre type de rendez-vous.
La vie continue, fidèle à elle-même.