Aldébaran
| Sujet: Fragment #39 - Dancefloor 10.04.08 17:00 | |
| Samedi 19 août 2006 à Dijon La musique sourde, violente. Les basses qui m’agressent au plus profond de ma chair. Et toi, mon Jon, ton corps contre le mien. Nous deux en sueur. Ta peau contre ma peau. Ma main dans ta cambrure, mes doigts dans tes cheveux. Ma bouche contre ta bouche. Ondulations serpentines. Mes yeux se ferment sur ton odeur. Mes narines se gonflent à l’ombre de ton cou. Mes bras ressentent chaque palpitation de ta chair. Ton corps dur et granitique. Tes abdos dans lesquels j’aimerai me lover plus souvent. La courbe de ton oreille. Je veux te parler. La musique couvre tous mes cris. Je sens comme un mur de musique entre nous qui nous empêche de communiquer. Gestes obligatoires. Ma main sur tes fesses, l’autre contre ton épaule. Mon visage dans ton cou. Ma bouche approche de l’ombre de ton oreille. Mes lèvres remuent dans cette intimité. M’entends-tu ? Je te dis que je t’aime. Je te dis que j’aime être avec toi au milieu de tous ses corps, pantins désarticulés. Je te dis que j’aime tout chez toi. Ton sourire en demi-teinte, le mouvement de tes doigts, le cambré de tes reins. Nos corps dansent, s’unissent et se mélangent. La musique sourde, violente. Les vibrations des basses m’atteignent dans ma chair. Et ces lumières aléatoires colorées, la folie du dancefloor. Les flashs crépitent, je vois les mouvements décomposés. Ton bras qui accroche mes reins, ta bouche dans la mienne, tes cheveux dans mes doigts. Je me sens flotter. Plus rien n’existe, que toi et moi. Ma tête tourne un peu. Un noir d’une seconde passe au fond de mes yeux. « Excuse moi Jon, faut que j’aille me rafraîchir. » Je me passe de l’eau sur le visage. Mes cinq sens en éveil. La musique un peu sourde derrière l’isolation des murs. Des gars discutent. Parlent de filles qu’ils draguent comme de putes qui vont bientôt être dans leur lit. J’ai un hoquet de dégoût. Je dois vomir. Je n’ai rien bu pourtant. Je me reprends, bois à nouveau, et m’en vais. J’embrasse Jon. Je ne peux plus m’arrêter. C’est pour moi un acte d’amour total, plus que n’importe quel acte sexuel. D’ailleurs, cela fait deux semaines que nous sommes ensembles et nous n’avons toujours pas couché. Le plus bizarre c’est que je n’en ressens pas encore le besoin. Je veux le caresser. Jusque dans sa chair, lui faire plaisir. Et nous sommes un lors de nos baisers. Cela me suffit. Pour le moment. Mes mains dans ton dos. Mon corps contre le tien. Je l’embrasse et l’informe que je vais danser un peu plus loin. Rejoindre Christelle et ses allumés du dancefloor. Lui va s’asseoir un moment. J’avance rapidement, titubant, écartant les gens sur mon passage. Je cherche la toison rousse de Christelle, et son visage vivant sous son khôl noir. Elle est là, à quatre mètre. J’avance, et elle semble reculer. Les stroboscopes m’éblouissent. Mes yeux clignotent. Les lumières colorées semblent passer en teintes de gris. Puis en teintes de noir. Je titube encore un peu. Black-out. Je marche dans un labyrinthe. Autour de moi ne sont que pierres sombres et couloirs suintants. J’entends les cris de jeunes vierges et jeunes hommes déchiquetés au cœur de ce Dédale. Derrière moi se déroule un fil d’argent bleu. Merci Ariane. | |
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