Game Over.

On imagine bien souvent, d'autres mondes, d'autres habitudes, & donc d'autres possibilités. & on est bien souvent déçus, quand on se rend compte que cela ne reste qu'un simple rêve. Il n'y a aucune alternative au monde réel. On nous oblige à vivre là ou on ne pense pas avoir notre place. On nous drogue aux rêves, nous immole avec des paysages retouchés, on nous bombarde d'illusions, on nous pend avec nos désirs. Parce qu'on est tous logés a la même enseigne. On est tous condamnés à 60 ans de vie obligatoire sur cette planète ravagée. & pas la peine de penser à s'évader. Tout est prévu : on vous brise vos répits avec de la violence verbale. La torture est un supplice de tous les jours. On vous nargue, on joue avec vous. Il parait que 78% des gens ont un jour pensé sérieusement a mettre fin a leurs jours. Mais n'allez pas croire que les 22% restants sont des bienheureux. En réalité, ils sont naïfs, ou bien déjà morts. Le pessimisme se ressent dans ce paragraphe. Pourtant, ceux qui me liront seront, un jour, d'accord avec moi.


La Vie est un jeu vidéo. C'est le précursseur des Sims, en quelque sorte. En plus réel. On nous crée, on nous élève, & parfois, on triche pour nous faire grandir plus vite. On arrive a l'adolecscence avec la désagréable impression d'avoir été trompé. Alors on cherche un moyen de contourner le chemin tracé. En vain. Donc on l'emprunte a notre manière : on fait des détours, on prends des raccourcis, & on le décore avec ce qu'on peut. C'est ainsi que ça se passe, sans la métaphore. On devient emo, gothique ou hippie pour se prouver que l'on est pas comme les autres, mais aussi que l'on possède nos propres idéaux. Un jour, on s'aperçoit qu'on est pas comme nos parents l'auraient voulu. On se sent fort. Un point pour moi, j'ai pas suivi le bon chemin. Parfois, on est homosexuel, & on l'a pas fait exprès. Le chemin était mal indiqué, nous dira t-on. Pourtant, on ne l'entend pas de cette oreille, parce qu'on a pas choisi cette voie.


La différence devient banale, & c'est là que se pose le problème. On cherche tous a se sentir différent du voisin. Mais à la finale, on est tous pareils. On se rattache a nos illusions, & on continue de s'arracher l'épiderme avec le rasoir que sont nos regrets. C'est d'ailleurs quand les rêves font place aux regrets qu'on se rend compte qu'on a fait comme tout le monde avant nous. C'est ainsi qu'a 40 ans, on rêve d'un retour en arrière. On donnerait sa vie pour fêter a nouveau ses 18 ans. On préférait largement le Requiem du Rêve à la Complainte du Regret. On se rend compte que nos amis ne se soucient plus de nous. C'est que nous n'en avons jamais eu, alors. Vieillir, c'est apprendre, après quelques années, qu'on regrette ses rêves plus souvent qu'on ne les réalisent. On perd son innocence & sa naïveté, pour acquérir l'Envie de profiter du peu que l'on a. Parfois, on se sent vieux à 17 ans. C'est mon cas : j'ai des rêves plein la tête, des couleurs plein les yeux, & en même temps, la nostalgie, la monotonie, le dégoût & ce foutu regret gangrènent mon esprit chaque jour un peu plus. Mon entourage ne comprends plus ces changements soudains d'humeurs, & ces envies de nouveau. Ils pensent simplement que je fais un caprice. Je ne suis pas le seul. Elle sait a quel point je la comprends. On en parle souvent, de nos ressentis, & de toutes ces choses que l'on regrette. On panse nos blessures mutuellement. & pourtant, parfois, on se rend compte que c'est inutile, car l'hémorragie est trop grande. Mais on sert, d'un certain sens, tout de même a quelque chose. Se prouver l'un l'autre qu'on partage les mêmes tourments. « L'Homme est un éternel insatisfait » dit-on. J'ai envie de dire qu'il a de bonnes raisons de l'être. On lui a offert la possibilité de s'imaginer ailleurs, sans espoir de réaliser ce rêve. Dieu, s'il existe, est un mauvais homme d'affaires : il n'assure pas les crashs. Tiens, parlons-en, de Dieu. Je suis athée. Je ne crois en rien, & c'est là que réside une de mes seules forces : je ne m'appuie pas sur l'improbable. Le Paradis & l'Enfer ne sont que les représentations du coeur de chacun. Rien de plus. La Religion a été inventée pour garder bonne conscience, & faciliter une acceptation pas très évident de la Mort. En vérité, la religion est le seul anti-stress qui ne soit pas remboursé par la Sécu', du fait de sa gratuité. Poussons mon blasphème encore plus loin : il existe énormément de génériques, a la religion. Alors voilà. Après tout ce temps passé a croire en nos rêves, en Dieu, en nos amis, en soi-même ou en autre chose, on finit par tomber de haut.

On compte jusqu'à trois, puis on s'écrase au sol..