Fragment #6 - Mission accomplie.

J’ai dormi comme un ange, ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Certains pensent que les meurtriers sont dingues où pleins de culpabilités suite à leurs crimes. Vous voulez savoir la vérité? On s’en fout.
A vrai dire je me sens beaucoup plus vivant, comme si le flot d’adrénaline, reçu hier, continuait de m’irriguer. Comment se sentir coupable d’avoir rendu justice ? Comme si un juge se sentait coupable d’avoir rendu une sentence. Stupide.
Une nouvelle vie semble courir en moi, de nouvelles possibilités s’ouvrent et, devant l’immensité de ces potentiels, mon cœur palpite. Je me sens libre et fort, plein d’assurance et de confiance en moi.
Pourquoi rester pion ? Ma mission est atteinte. Bien sûr je ne peux pas partir dans l’immédiat, ça semblerait louche, mais d’ici quelques mois… Pourquoi pas.
Je pourrais repartir à Paris, reprendre ma vie là où je l’avais laissée, ou bien démarrer une nouvelle vie, libéré de mes fantômes. Bien que je ne lui aie donné aucune nouvelles depuis quelques temps, je sais que Nicolas serait heureux de me revoir et même de m’héberger. Je n’ai donné de nouvelles à personne de toute manière, personne ne sait ce que je suis devenu et ça vaut peut être mieux.
On ne quitte pas une existence comme la mienne comme ça.
Mon ancienne vie est peut-être sur pause mais elle n‘est pas morte pour autant. Je ne dois pas avoir peur. Après tout, la soirée d’hier a montrer que mes anciennes capacités ne sont pas mortes.
Reprendre le golf ? Peut-être.
Je vais contacter Nicolas. Même si je n’ai pas besoin d’argent, travailler est une nécessité, je m'en suis rendu compte hier soir. Je ne peux concevoir une vie d’oisiveté comme réellement épanouissante, quoiqu’en dise ma sœur.
D’ailleurs je dois répondre à son mail de ce matin.

J’allume mon MacBook Air et me connecte à ma boite mail:
« Maël,
J’ai bien reçu ta confirmation mais reste sans nouvelle de Thomas. Nous avons invité quelques amis, je te prierais donc de venir en tenue de soirée.
Je mettrais une des chambres d’amis à ta disposition.
Nous t’attendons donc ce mercredi vingt-quatre décembre deux mille huit aux alentours de dix-huit heures. La soirée démarre à vingt heures, tu auras ainsi le temps de faire une toilette et de prendre possession des lieux.
Bien à toi.
Elisabeth Carmichael .

PS: ta venue me touche énormément.»

J’informe ma sœur qu’une chambre m’est déjà réservée à l’hôtel Meurice et que, par conséquent, j’arriverais à vingt heures, comme ses invités.
Je sais qu’elle souhaite ma venue plus tôt pour vérifier que ma mise sera impeccable et que je ne lui ferais pas honte.
Peut-être lui offrirais-je une batte.