Mercredi 24 décembre 2008
à Plombières les Dijon
J'ai bien fait de prendre mon mercredi, parce que je ne m'en sors déjà pas en ayant eu toute la journée pour ces préparatifs, alors je n'ose imaginer le désastre si j'avais en plus travaillé. La cuisine ressemble à un vrai champ de bataille. Il est déjà seize heures, et rien n’est prêt. J'ai envie de m'arracher les cheveux. Inspirer un bon coup, se calmer. Et crier : « Pierre occupe toi du chat, il va faire tomber toutes les boules ! »
Ça fait du bien.
Je m'essuie les mains dans mon tablier, je sors de la cuisine un peu crispée, avale ma salive en arrivant dans le salon, et prends une voix douce pour m 'adresser aux jumeaux. « Thomas, s'il te plait, pourrais-tu venir ouvrir les huîtres ?
- Bien sûr M'man.
- Et Pierre, je crois t'avoir demandé de t'occuper du chat avant qu'il renverse le sapin.
- Après, là il y a un truc bien à la télé.
- Pierre.
- OK, je m'en occupe. »
Toutes les huîtres sont ouvertes, la bûche refroidit tranquillement dans le réfrigérateur, la dinde tourne dans le four, les marrons mijotent dans la casserole, la table est mise. Je n'ai plus qu'à aller me changer.
« Les garçons, enlevez vos chaussures de l'entrée mes parents vont bientôt arriver »
Je me plonge dans un bain chaud. J'ai une vingtaine de minutes pour me détendre. Que c'est bon de sentir la mousse sur mon corps. C'est surtout bon de voir s'évacuer le stress de cette journée insupportable. Il y avait un monde fou sur le marché ce matin, en plus je n'ai pas trouvé tout ce que je voulais alors j'ai dû aller à la Toison d'Or, de l'autre côté de la ville. En rentrant je me suis occupée de faire le ménage à fond. Puis je suis allée chercher les grands à la gare, je leur ai fait à manger, j'ai fait tourner une lessive. Ensuite j'ai pu commencer à préparer le repas. J'ai dû recommencer deux fois les macarons qui ne voulaient pas se tenir. J'ai nettoyé à nouveau la cuisine une fois que tout a été enfin prêt. Et me voilà. Ce bain est une vraie aubaine. Je m'y endormirais presque. Zen.
Dring« Ahh ! » Ils arrivent et je ne suis pas habillée. Zut. Je sors du bain, m'essuie rapidement, et me rue dans ma chambre à la recherche d'une tenue. Mon cœur ralentit tout à coup lorsque j'entends la voix. C'est la voix de Laura. Elle n'avait pas répondu alors j'en avais conclu qu'elle ne viendrait pas. Je retourne dans la salle de bain me sécher correctement les cheveux.
« Bonsoir ma Laura. Tu es venue, je suis contente »
Une chose est sure : nos sourires sont forcés. Je ne crois pas qu'ils soient pour autant complètement faux.