Fragment #1 - Feuille blanche...

Lundi 5 Janvier 2009
à Paris

" Avoir perdu deux ans de sa vie, quoi de plus déstabilisant ", pensais-je, regardant par la fenêtre de mon nouvel appartement. Mes bagages, bouchant le couloir, lassent ma résistance au désordre. Les étiquettes de l'aéroport, enroulées autour des poignées de mes valises indiquant ma destination de départ. Je me dit que le soleil refaira surface un jour, lorsque je me sentirait prête.
Ma vie n'est faite que de tènébres depuis ses deux dernières années; ma hantise m'a transformée dès lors que je me suis réveillée dans un lit de l'hôpital Laval situé à Québec City.Je me souviens encore, allongée, mes yeux et mon esprit nagent dans un brouillard d'incertitude. Voilà deux semaines que je demeurais dans le coma quand mon cerveau décida qu'il était temps d'émerger. Mon médecin et les infirmières ne pouvant vraiment savoir qui j'étais, contactant la police, ceux ci placardant des affiches dans les rues de la ville. Au bout de quelques temps passé à me rétablir,la police m'indiqua que l'enquête n'avait rien donné. J'étais une Jane Doe d'environ 30 ans qui devait se choisir une nouvelle identité : Irys Anderson.
Je sors de mes pensées durant quelques instants, le temps d'enfiler un pull, le froid persiste dehors, rendant mes mains bleues. Je me souviens aussi d'avoir été prise en charge par les services d'aide aux disparus, j'avais enfin l'occasion de commencé a revivre, un appartement confortable, un travail pour lequel je me sentait faite, et même quelques amis rencontrés ici et là. J' ai reprit les rênes de ma vie, commençant à oublier mon passé qui m'avait fuit depuis que je m'étais faite renverser par une voiture, c'était ce que le rapport de police avait déterminé.
J'ouvre ma valise, la plus proche et la plus lourde, et m'assis par terre repensant au matin où tout bascula lorsque je reçu une enveloppe dans ma boîte au lettre. Le 15 août 2008 exactement. Elle n'est pas affranchie,et seul mon nom et prénom figurent sur le papier d'un blanc laiteux dis je après l'avoir observé minutieusement. Arrivée devant mon bureau, j'avais utilisé le coupe papier pour l'ouvrir, et inséré ma main dedans. Une lettre et deux photos y résidaient. La lettre était tapée à l'ordinateur, masquant l'identité de son émetteur :
"""Chère Irys, voilà un an et demi que tu as disparu de la circulation, mais j'ai finis par te retrouver malgré ce nom d'emprunt. Il est temps de voir le monde avec tes propres yeux et non ceux que l'ont t'as alloué. Ces deux photos t'aideront a renouer avec ton passé, la première te montre ton ancienne ville, Paris au jardin des Tuileries. La deuxième quant à elle te montre le visage de ton fils âgé de 9 ans aujourd'hui. Tu devras attendre le 04 janvier de l'année 2009 pour t'installer à Paris et le 8 mars de la même année, tu reverras ton fils. Ne cherche pas à me retrouver, toi qui ignore aujourd'hui jusqu'à ton nom. Ne parle de cette lettre à personne, ou bien ton avenir se résumera au néant qui t'habite déjà..."""
Voilà ce qui m'a mené à emmenager à Paris, dans le 1er arrondissement, proche du jardin des Tuileries. Aujourd'hui 05 janvier 2009, après une nuit dans le canapé, la lettre à la main, je me tourne vers la fenêtre, une main délicatement posée sur le carreau. Mes larmes coulent, mouillant le papier, déja imbibé depuis les 6 derniers mois, peu m'importait qu'elle soit humide, chaque mot parcourant mes pensées. J'ai réussi à trouver un logement déjà meublé, rue de Rivoli. Première nuit à Paris sous la neige, le froid m'a forcé à me couvrir, j'ai l'impression de n'avoir jamais quitté Québec.

Mardi 6 Janvier 2009
à Paris

Ma tasse de thé posée sur la table du salon, je regarde la télévision. Pas un seul programme intéressant, je crois que les chaînes, à un niveau mondial, s'auto-détruisent à petit feu. Comme si leur avenir ne les inquiétait pas, elles sont à mon opposé. L'odeur de menthe verte emplit l'espace démuni de souvenir que représente l'appartement. " Il parait que chaque maison à une âme ", me dis-je en souriant, " il paraît ". Aujourd'hui, mardi 6 janvier, j'ai dû appeler les services de télécommunication français, il me faut une ligne fixe. Bien que je n'en ressente pas le besoin immédiat, la lettre du 22 août 2008 avait été claire :
"" Chère Irys, l'été t'est-il agréable ? Tu as fuis vers les Grands Lacs durant la dernière semaine, mon premier courrier t'as t-il troublé? Pourquoi je te pose ces questions, toi qui ne peut pas me répondre. Je sais tout ce que tu fais, j'anticipe tes mouvements et je construirait ton futur. Suis mes directives à la lettre lors de ton emménagement à Paris, abonnes toi au réseau téléphonique français et prends aussi un téléphone portable. Tu comprendras en temps voulu tout ce chemin qu'il te reste à parcourir. Saches que je ne suis pas ton ennemie Irys, ton fils va bien ... ""
Ma main referme la boite noire cachée sous le canapé, là où reposent toute les lettres de ma mystérieuse " amie ". Cette personne connaît ma vie actuelle, mais aussi ma vie antérieure, qui est-elle? Cette question me taraude depuis si longtemps maintenant, que je m'efface souhaitant réfléchir comme elle. Mon passage à la boutique orange Luxembourg sur le Boulevard St Michel dans le 5 ème fut infernal, le bus en plein hiver, remplit à ras bord, grouillant d'odeur et de gens tous aussi différent les uns que les autres. Je les envie, eux qui se plaignent de leur vie, de leur famille. Moi qui renaît seule; ma coquille, vide, est fragile.
Il est dix-huit heure déjà, le temps passe si vite dans cette ville, la neige devrait avoir un effet ralentisseur sur ses fourmis, mais le trafic de la fourmilière parisienne ne cesse jamais. J'ai oublié de prendre mon pain, quelle tête en l'air ! J'enfile mon manteau noir, chaud et élégant que Jessica m'avait offert à Noël dernier, comme elle me manque. Nous nous étions rencontré dans un bar, elle venait de se faire poser un lapin par un banquier; installée près d'elle, nous avions vite parlé de notre vision du monde et des hommes, même si le sujet était encore flou pour moi. Cela ne nous empêcha pas de sympathiser et de nous revoir le plus souvent possible, devenant ainsi amies. Mes longs cheveux brun auburn rangés sous un bonnet de laine blanche et mon écharpe enroulée autour du cou sonnait le glas du départ, il est temps d'affronter le froid de la capitale.
Arrivée en bas, la rue pleine de gens semblant patiner sur le trottoir, je dévisage les couples, s'enlaçant et s'embrassant de plus belle. Après deux ans seule, je me sens prête à aimer de nouveau, mon secret ne devrait pas m'empêcher d'aimer, ce mot me fait peur. Mes peurs sont à leur apogée quand, tournant au coin de la rue, je vis une mère et son fils, admirant les vitrines à l'annonce des soldes. Ils semblent si heureux. Mon fils, si beau sur cette photo qui me rendait morose. Mon inquiétude pour un être que je n'ai jamais vu me laisse sentir que mon amour maternel ne peut se tromper. Le petit boulanger me sourit soudain, je sens sa chaleur lorsqu'il me rend la monnaie que je ne recompte pas. La confiance aveugle n'est plus un trait de mon caractère, mais lui l'a réveillé :
« Vous êtes nouvelle ici ? », demande t-il.
« J'ai emménagé hier après-midi, je m'appelle Irys. Et vous? », dis-je avec un léger accent.
« Dany. J'espère avoir le plaisir de vous revoir demain mademoiselle Irys.
Je me contente de rougir, mon sourire niais m'embarrasse. Son regard sur ma main gauche, voyant mon annulaire sans bague de fiançailles, a dû lui donner des ailes. Je pars le cœur léger, mon pain à la main. La frayeur de me perdre dans cette ville disparue.
Rentrée à l'appartement, je m'assis sur mon lit, m'étant préalablement découverte. Allongée en croix, le sourire au lèvres comme bloqué, je suis transportée dans un autre monde. Mon regard se dirige alors sur le radio réveil, il est 20H08, la réalité reprend le dessus,le calendrier marque 61 jours avant de retrouver mon fils.

Mercredi 7 Janvier 2009
à Paris

Nouvelle nuit froide sur la métropole, le panneau électronique de la pharmacie affiche -10 degrés ce matin. Il est 11 heure lorsque je décide d'aller chercher mon courrier dans le hall d'entrée, j'attends une carte postale de Jessica, mon amie californienne ayant travaillée dans la même boutique que moi à Québec City. Deux étages me séparent du hall, je croise ma voisine dont j'ignore encore le nom,cette vieille femme, aux airs de grand-mère traditionnelle, me rend maussade; ma famille m'a oublié, sinon m'auraient-ils cherché?
Je descends les marches deux par deux, la rampe dans la main droite. La tête en l'air que je suis n'a pas oublié les clés pour une fois. Arrivée devant les boîtes, je me repère grâce aux numéros,cherchant le 4, il faut que je mette mon nom, par chance j'avais rempli mes ordres de réexpédition. La publicité est une nouveauté pour moi, tant de papier pour si peu d'information, je souffle d'exaspération, trois jours sans relever ma boîte et la voilà à moitié pleine. Soudain mon sourire refais surface, franchissant la barrière ténébreuse d'une nuit cauchemardesque; ma carte postale, je l'ai enfin reçu. La vieille dame apparue sur ma gauche, introduisant sa clé dans la serrure de la boîte 3, son nom me fut enfin révélé : Madame Rose Marcelin. Je la salua, commençant à remonter, lisant les nouvelles de Jessica.
-" Mademoiselle, excusez moi de vous déranger, vous pourriez m'aider à remonter ? mon dos me fait souffrir avec cette humidité", dit-elle d'un ton aimable.
-" Bien entendu madame, prenez mon bras, nous monterons ensemble ", dis-je, avec un regard plein de gentillesse.
-" Je suis contente d'avoir récupéré une jeune femme telle que vous, les anciens propriétaires n'étaient jamais présent, je ne les ai pas vu en deux ans de voisinage. Quel est votre prénom ? "
Me sentant soulagée de cet accueil sympathique, je lui répondit en entamant la première marche :
-" Je m'appelle Irys...Irys Anderson ".
Cinq minutes plus tard, après une embrassade en guise de remerciement, je rentra chez moi. Ma solitude devient moins pesante, mes ténébreuses pulsions creusant leur propre tombe. Une envie de pain frais me démange,je regarde l'horloge de la cuisine en forme de casserole cuivrée. « 11H30 », me dis-je en me plaçant les mains sur les hanches, « j'ai grandement le temps d'aller à la boulangerie » dis-je en riant intérieurement. L'envie de voir Dany me rend heureuse.

Jeudi 8 Janvier 2009
à Paris

Le soleil brille, mettant fin au manteau blanc qui recouvre mon nouveau pays d'adoption. Quelle sensation agréable que de ressentir la chaleur inimitable de cet astre lumineux sur mon corps, encore emmitouflé dans la couverture. Je trouve qu'en quatre jours à Paris, j'ai réussi à reprendre une dose de positivité qui fait qu'aujourd'hui, règne un sourire quotidien sur mon visage habitué à être gris. Ma soirée d'hier était magnifique pour un premier rendez-vous, je nous revois, lui qui m'avait invité le midi à dîner le soir même. Cette attention m'a fait oublier mes deux ans de célibat volontaire. Les roses rouges qu'il m'avait offerte y était pour beaucoup, cela et le baiser langoureux que nous avons partagé sur les bords de Seine. Les péniches passaient, illuminant les eaux profondes et sales qu'accueille cette ville des amoureux. Mon petit boulanger m'a agréablement surprise.
Cet après-midi, je reçu un coup de fil de Jessica, elle m'a dit qu'elle avait obtenu trois semaines de vacances, et qu'elle souhaite passé ce temps avec moi. Mon amie, ma « sœur », je ne peux croire la seconde nouvelle qui me rend espoir. Elle arrive dans deux jours, « encore deux jours »,dis-je en entamant un yaourt à la vanille. Assise les jambes croisées, j'entame un magazine de sciences assez intéressant, article après article, le pot se vide ainsi que mon esprit jusqu'à temps que l'on vienne sonner à ma porte.
Je me dirige vers la porte, enfilant un jean, le cœur battant la chamade, qui cela peut-il être en ce milieu d'après-midi ? J'ouvre, il n'y a personne ! Je regarde à gauche, les escaliers sont vides, en haut comme en bas. Baissant les yeux, je m'aperçois qu'une lettre identique à celle que je reçois depuis le 15 août dernier y a été déposé. Ma respiration s'accélère, j'ai une boule dans la gorge, pliant les genoux je la récupère.
Claquant la porte, je me dirige vers la chambre, pleurant tout ce que je peux pleurer, je n'ose même pas l'ouvrir. Il est 17h45, le soleil a commencé sa lente chute dans le ciel d'un rouge violacé. Je me relève et pars fermer les volets, l'obscurité m'enveloppe toute entière. Cette personne m'a déjà retrouvé, comme si elle pouvait vraiment me voir chaque jour depuis deux ans. Ce courrier arrive 59 jours avant la date fatidique, qu'allait-elle encore me demander de faire ? J'allume la lampe de chevet enroulé d'un châle rose, mon courage s'est fait la malle, mais je dois la lire.
« Chère Irys, tu suis les instructions que je t'ai donné à la lettre depuis maintenant 6 mois. Je te vois marcher dans les rues, je souhaiterai te parler, te serrer dans mes bras, t'embrasser. Mais il m'est impossible de le faire, ils m'espionnent depuis ton accident. Je protège ton enfant du mieux que je peux, n'est crainte! Il viendra un temps où nous nous retrouverons...Je pense à toi. »
Mon dieu, cette personne est sans doute l'une de mes proches de ma vie d'avant. Qu'entend t-elle par « Ils m'espionnent »? Qui sont ces gens qui sont responsables de ma situation ? Trop de questions trottent dans ma tête, il faut que je vois quelqu'un, Rose.

Dimanche 11 Janvier 2009
à Paris

Voilà trois jours que mes remords refont surface, bien que Jessica soit enfin arrivée. Je ne peux m'empêcher de repenser à l'appel que j'avais passé à la police le 28 septembre 2008. " Suis-je stupide d'avoir agis ainsi ? J'étais seule, on peut comprendre ma réaction, non ? ". Il est vrai que je veux le meilleur pour mon enfant, pour cet être qui me manque. Alors que je ne le connais pas, ou plus. Ces personnes ont une bonne raison de m'en vouloir, mais laquelle ?
D'un coup je sursaute, ma salive m'étouffe dans cet élan de panique. Reprenant ma respiration je m'aperçois que l'ampoule de la lampe du salon vient d'exploser, encore un faux contact. Il est temps d'appeler l'électricien, la troisième ampoule qui explose en trois jours. J'ai l'impression qu'elles s'éteignent à mesure que je chute dans les abysses de la vie. Comme une lumière dans le noir, je souffre de claustrophobie, une petite allumette aux yeux clos.
Je me saisis du téléphone, composant le numéro des renseignements, en espérant qu'ils ne me renvoient pas vers un incapable comme il en remplit l'annuaire. Jessica, pendant ce temps sort de sa douche, elle est magnifique. Habillée du peignoir blanc Channel que nous avons acheté en faisant les soldes hier après-midi. Nous avons pris le temps de parler de tout depuis que son avion avait atterrit à l'aéroport Charles de Gaulles vendredi soir. Le taxi qu'elle avait qualifié de " more expensive " nous avait déposé devant chez moi. Je souris, pensant bêtement que c'est la première fois que je me sens chez moi à Paris .
Le sujet " Dany " a bien entendu été décortiqué sur la table. En long, en large et en travers. Elle n'accepte pas réellement le fait que lui et moi soyons allé si vite, telle une lectrice voulant attendre le chapitre final pour qu'un beau médecin embrasse sa patiente. Jessica est de ces romantiques qui prennent leur temps. Alors je lui ai parlé d'un baiser après un restaurant et sachant que nous nous connaissons depuis trois jours, son regard exprima ses pensées. Et encore maintenant, elle en parle :
- "Fais attention, les Français ne pensent qu'au sexe Irys, tu ne pourras pas dire que je ne t'ai pas prévenu ", dit-elle en séchant ses longs cheveux blonds.
- "Il ne semble pas être comme ça, tu ne le connais pas encore. Je pourrais te le présenter demain, il a peut-être un frère ou un ami à te présenter.", dis-je dans un éclat de rire interminable. Même elle continua de rire durant quelques minutes.
On sonne. L'électricien est déjà là. Ce gros bonhomme moustachu ne parle pas plus qu'il ne doit. Je lui indique le salon du doigt. Il se propose de vérifier les autres prises de l'appartement, je le laisse faire. Quarante-cinq euros plus tard, il partit comme il était venu.
Arrivé au rez de chaussé, il saisit son téléphone portable et appela :
- " Le jeu continu, les micros sont posés ! ".

Jeudi 15 Janvier 2009
à Paris

" Toute vérité est-elle bonne à dire ", me dis-je intérieurement. " Jessica est allée trop loin, il a pourtant été charmant ". Je respire fort, mes nerfs sont mis à rude épreuves, ma meilleure amie m'a fait honte devant l'homme que je fréquente. Je réfléchis depuis hier soir, quand nous sommes rentrées. Mon visage, blanc et fatigué, semble pouvoir effrayé quiconque me verrai, moi y compris. J'entends ma colocataire, elle aussi dans sa chambre, elle ne semble pas le moins du monde génée de son attitude passée. Occupée à chanter sur un air de Cindy Lauper, elle s'est déjà attirée les foudres des voisins du dessous et du dessus. Chose que je n'ai même pas encore réussi à faire en dix jours.
Je sors de mon isolement, un passage dans la salle de bain s'impose. Seul un bon bain pourrait redonner figure humaine à celle qui m'observe dans le miroir. Cinq minutes passèrent, l'eau chaude ayant rempli la baignoire, je m'immisse dans ce que je me plais à appeler "Mon espace détente". Les bulles m'entourent de toute part, comme les nuages encerclent la pleine lune un soir d'automne. Je me sens enfin calme, apaisée. Cette dispute commence à s'évacuer par tous les pores de ma peau. La musique envahit soudain le reste de l'appartement, signe que Jessica avait déserté ses quartiers. À ses pas, je sais qu'elle est dans la cuisine, occupée sans aucun doute à se préparer un thé. Je m'immerge intégralement, voulant écouter la mélodie de l'écume, celle qui parcourait mes jambes, caressant mes seins à chaque mouvement de ce ballet aquatique miniaturisé.
Trois bruits sourd me sortent de ce silence revigorant, mon amie vient de frapper à la porte. Je m'égoutte le visage, faisant une queue de mes cheveux humide, que je rejette sur mes épaules.
-" Oui, qu'est ce qu'il y a ? ", répondis-je d'un ton neutre.
-" Je peux entrer ? ", dit-elle.
-" Bien entendu... ", dis-je dans un soupir.
Jessica, habillée d'un jean troué et d'un gros pull en laine beige, entre, deux tasses à la main. Elle pose celle qui m'est destinée sur le muret de carrelage qui borde la baignoire. S'asseyant près de moi, je l'observe, sans dire un mot. Elle ne sait pas où commencer, ou du moins, c'est l'impression qu'elle me donne.
-" Je m'excuse pour hier soir, j'ai été bête de réagir ainsi. Tu sais, ce que j'ai dis, c'était dans ton interêt ! ",débute t-elle en rougissant. " Il ne m'inspire pas confiance, et cette manie qu'il a de toujours être vague dans ses réponses, de ne pas sembler être ce qu'il montre... "
-" Tu recommences Jess' , laisse moi évoluer avec lui et ne t'en mêle plus s'il te plaît. J'ai l'impression que tu es jalouse, tu es ma meilleure amie. Ce n'est pas un homme qui va changer çà."
Elle me sourit, mettant fin au conflit. Nous trinquons à notre amitié reinstaurée. Puis elle repart vers la chambre,qui hurle toujours par le biais de la chaîne hi-fi. Elle la coupe enfin.
L'eau commencant à tiédir, j'attrape la serviette posée sur le radiateur de mes doigts spongieux.
Debout dans la baignoire qui se vidait peu à peu, j'en viens à m'essuyer. La mousse, recouvrant encore les parties les plus intimes de mon corps, accompagne les gouttes qui s'en échappe. Je passe la serviette sur mon visage, enlevant les bulles blanches restées sur mon menton, puis mes bras. Le contact doux sur mes aiselles me donne un frisson lorque je continue, mes têtons dréssés donnant le " La " à l'excitation qui m'habite depuis si longtemps. Ma main tremblante se dirige vers mon jardin secret, sa couverture de mousse cachant une toison entretenue. Je commence à me caresser, toujours à l'aide de mes doigts et de ma serviette. Mes yeux fermés de plaisir, m'empêchent de voir la porte s'entrouvrir de plus en plus, laissant le champ libre à Jessica. Elle tousse enfin, un regard plein de malice affiché sur le visage, son index volontairement placé à la commissure des lèvres :
-" Ne t'arrêtes pas pour moi, où trouve toi un homme qui assure ma grande, tu en as besoin... ", dit-elle en repartant.
Génée comme lors de mes premières règles, je finis de m'essuyer en quelques secondes. Enfilant un peignoir, je me dirige vers Jessica qui est assise sur le canapé, occupée à lire un roman fantastique. Elle éclate de rire, j'en fais de même.
Mon téléphone sonne, je me penche pour mettre fin à cet écho désagréable. Je décroche alors.
-" Dites à votre amie que si elle continue à ne pas respecter le silence de l'appartement, nous règlerons le problème nous même ", dit une voix que je n'ai jamais entendu. Il raccrocha.
" Est ce l'un de mes voisins, ou bien l'un de ces autres qui font de ma vie un enfer ? ". Je me trouve bloquée, ne pouvant rien avouer à Jessica qui ignore jusqu'à l'existence des lettres et appels que je reçois depuis maintenant cinq mois, jour pour jour.