Fragment #20 - Punitions

Le réveil sonne, il est sept heure. Je me sens parfaitement réveillé, prêt à attaquer cette rentrée. Le retour dans le train hier a été long, trop long. Ma vie me semble chamboulée. J’ai tué, deux fois en moins d’un mois. J’aimerais pouvoir en parler, me confier à quelqu’un au lieu de ressasser ces évènements seul face à ma culpabilité. Cependant je dois continuer, cette routine stupide, comme si rien n’avait changé.
J’arrive au lycée et monte directement à la vie scolaire, le froid n’incite pas à traîner. Une CPE m’accueille immédiatement, m’informant qu’une réunion démarre à l’instant suite au meurtre d’Olivier Monsant et pour préparer le retour d’Elyan Jusset au lycée.
J’apprends ainsi qu’Elyan a été disculpé. Apparemment il aurait été en conversation MSN au moment du meurtre. Je me sens soulager, je ne souhaitais pas réellement le voir payer à ma place.
Je suis placé à l’entrée pour gérer son arrivée. Cadeau empoisonné réservé au dernier pion embauché. J’attends depuis 20 minutes, mes doigts sont gourds, le vent et le froid me donnent mal au crâne. L’ensemble de la classe d’Olivier est rassemblée devant la grille malgré ma présence. Elyan arrive, quelques minutes avant la sonnerie. Ce sont les lycéens qui l’ont repéré. Trois gamins courent déjà dans sa direction. Je me lance à leur poursuite et les rattrape alors qu’un premier poing s’abat sur Elyan. Je ne comprends pas que ses parents l’aient forcé à venir. Je saisis l’agresseur par le col lui disant d’aller m’attendre directement à la vie scolaire. Il part persuadé d’avoir quelque peu venger son ami, fier de son héroïsme.
Je me place à coté d’Elyan et l’escorte, le regard mauvais, sous les huées et les cris. J’entends même quelqu’un hurler meurtrier.
Le mot me glace, il devrait m’être adressé. Pendant une seconde la peur d’être reconnu m’a traversé. Peur immonde qui ajoute à ma honte car cette peur c est celle de devoir assumer ses actes.
Nous arrivons à la vie scolaire, Elyan taciturne me remercie avant de s’asseoir. J’accompagne l’agresseur dans le bureau de sa CPE, celle-ci l’exclut pour une semaine, lui demandant de préparer un devoir sur la présomption d’innocence. Vive l’éducation moderne. Avant de partir, il présente ses excuses sous le regard sévère de madame Grégan. Elle n’est plus que compréhension et compassion lorsqu‘elle invite Elyan à la rejoindre dans son bureau.
Il ressort une heure plus tard et se rassoit en silence, le visage maussade.
C’est à mon tour d’être convoqué dans le bureau de sa CPE.
- Je ne vous félicite pas pour la surveillance de la grille.
- Désolé, je n’ai pas eu le temps de réagir.
- Je ne veux pas le savoir, vous avez commis une erreur. Elyan ne veux pas retourner en cour mais ses parents ne lui laissent pas le choix. Nous sommes responsable de sa sécurité dans l’enceinte du lycée donc tant que la situation ne se sera pas calmé vous l’accompagnerez en cour, en pause et au réfectoire Je vous interdit de le laisser seul ne serait-ce qu’une seconde ! J’espère que la situation se sera calmé d’ici une semaine.
- Mais comment allez vous gérer mon poste ? Ne vaudrait-il pas mieux laisser Elyan affronter ses camarades et laisser les choses revenir à la normale ?
- L’essentiel pour le moment c’est d’éviter un procès des parents de Jusset. Si il se fait tabasser dans l’enceinte du lycée je peux vous dire qu’on va en entendre parler.
Elle me fourni son emploi du temps et me congédie d’un sourire, me précisant que ma « punition » prendra rapidement fin.
Salope.