Mercredi 7 janvier 2009
à Dijon
Encore un quart d'heure avant midi. Je vais profiter de la pause pour aller chercher en solde ce que j'avais pris soin de repérer auparavant. Un superbe tailleur chic, mais bien trop cher non soldé. Dans le bureau à côté Monique raconte son réveillon. Je me demande bien quand est ce qu'elle travaille celle-là. De plus elle parle si fort dans le combiné que son amie à l'autre bout de la ville ne doit pas avoir besoin de téléphone pour l'entendre. J'exagère à peine ; j'en ai par-dessus la tête de l'entendre jacasser inlassablement à longueur de journée. Du coup je n'arrive plus à me concentrer, et je revois ce tailleur dans la vitrine. Je mets mon ordinateur en veille. Je resterai un peu plus tard ce soir. Comme tous les soirs.
Je descends et malheureusement pour sortir je dois passer devant une autre bavarde. Anita joue avec un bouchon de stylo en attendant que son téléphone sonne. En me voyant, la standardiste ne peut s'empêcher de me héler.
« Bonjour Sylvie. Vous allez bien ?
- Oui merci.
- Vivement lundi que le nouveau de la vente arrive parce que ça doit bien faire trois semaines qu'il n'y a plus personne. Oh oui, bien trois semaines parce que ma sœur n'avait pas encore accouché. C'est un garçon. Vous voulez voir une photo de l'échographie ?
- Je... J'y vais Anita, dis-je ne m'approchant de la sortie.
- Vous serez là à la galette ce soir pour les vœux du directeur. Il paraît qu'il a commandé les galettes chez Bouchard.
- J'y serai. A tout à l'heure. »
Je referme la porte avant qu'elle n'ouvre la bouche. Insupportable. Certaines personnes ne peuvent s'empêcher de parler même si elles n'ont rien à dire. Inutile. Et il les prend toujours chez Bouchard les galettes, elle devrait le savoir. C'est son boulot d'être au courant de tout ce qui se passe, non !
Je me prends un sandwich chez Paul pour gagner du temps. Chèvre, concombre et tomates séchées. C'est chez
Sépia que j'avais repéré le tailleur. Espérons que les soldes en vaillent le coût.
C'est fatiguant les soldes ; mais j'aime bien faire les magasins. Je m'assois au chaud au Dionysos. Parfois je me dis que j'aimerais bien faire les magasins avec ma fille. Une journée shopping entre mère et fille, mais ça paraît improbable, presque impossible. Je commande au jeune garçon un thé citron. C'est le patron qui me l'emmène à peine une minute plus tard.
« Excusez-moi. Pourrais-je avoir une rondelle de citron dans mon thé, s'il vous plait ?
- Bien sûr. Je vous apporte ça immédiatement.
- Merci »
Je pose mes paumes sur la tasse. Un peu de chaud fait du bien. Les températures à l'extérieur sont négatives, et il paraît qu'il va faire encore plus froid d'ici la fin de la semaine. J'ai bien fait de m'acheter ce pull chez
Etam. Je regarde mes sacs. J'avais repéré un tailleur. Il était à cinquante pour-cents. J'ai fais une bonne affaire alors je me suis permise d'acheter une élégante paire de chaussures à talon pour aller avec. Un gilet. Un pantalon. Le fameux pull blanc en cachemire et un soutient-gorge. Le sac de ce dernier achat est caché dans un plus gros sac. Je ne voudrais pas que tout le monde sache que je me suis achetée un soutient-gorge.