Tureïs
| Sujet: Fragment #24 - Nuit d'angoisse 09.01.09 2:12 | |
| Vendredi 9 janvier 2009 à Amiens Je ne réussis pas à trouver le sommeil. Alors que je n’y avais pas réfléchi depuis le décès d’Olivier, la pensée de la mort investit mon esprit. Elle annihile et détruit toute autre idée. Obsession morbide d’un esprit dérangé. Je ris malgré la boule d’angoisse logée dans ma poitrine. Quelle ironie qu’un meurtrier ait tellement peur de sa propre mort. Est-ce le symbole d’un équilibre qui doit être préservé ? Est-ce le prix à payer pour ne pas culpabiliser ? Voila maintenant je pense. Surtout ne pas arrêter. Continuer de penser à autre chose. Peu importe le sujet. Tout sauf ça. Tout sauf cette impression que la vie passe comme un éclair. Tout sauf ce sentiment que je suis déjà mort sans le savoir. Éviter cette idée que si mes seize ans me semblent proches, quand j’en aurais soixante dix ce seront mes vingt ans dont je me souviendrais. Le temps est relatif. Les années défilent et quand vient l’heure de la mort, ce temps qu’on croyait si long, cet ultimatum qui nous semblait si lointain est déjà là, sonnant à notre porte. La vie n’est qu’un instant. Un petit moment. Penser, penser à autre chose. Oublier le néant qui nous guette et nous broie, oublier la futilité de nos vies, la fragilité de nos espoirs. On doit enfouir ces angoisses en soi. Croire qu’on est immortel. Ne pas se soucier des lendemains. Toujours penser qu’il y aura un lendemain. En deux mille cent trois je ne serais plus là. Oui, mais la vie continuera, des gens noteront cette année dans ce qui leur sert de cahier, feront des projets et nul ne se souviendra de moi, de ce que j‘étais, de ce que j‘ai fait. Enfouir les angoisses, les oublier, se voiler la face. Faire comme avec Nicolas. Oui voilà, penser à Nicolas, ne penses qu’à ça. Toi je t’ai aimé, toi tu me faisais oublier. Avec toi ni peur ni angoisse. Uniquement la saveur du sel sur ta peau, le goût de toi en moi, et la douceur de ta voix. Tu as été mes premiers flocons, prémisse de l’hiver tombé sur mon cœur. Un matin avec moi, le lendemain avec cet autre. Cet étranger si fascinant, si beau, si nouveau. Il était plein de mystère, j’avais le rôle de la mégère. Il te semblait plein de spiritualité, je n’étais que naïveté. Histoire banale si il en est. Un cocu j’étais devenu. Premiers flocons sur mon âme ; que reste t’il de nous deux ? Une once d’amertume, trois graines de déception et peu d’admiration. Maintenant que la crise est finie, il faut creuser. Creuser pour enfouir en soi ses souvenirs, creuser pour oublier les angoisses passées.
Dernière édition par Tureïs le 27.01.09 22:36, édité 1 fois | |
|
Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #24 - Nuit d'angoisse 09.01.09 8:29 | |
| Je suis profondément ému. | |
|
Invité Invité
| Sujet: Re: Fragment #24 - Nuit d'angoisse 25.08.09 13:56 | |
| Et voila mon premier commentaire sur les étoiles d'encre! Un des plus beaux et émouvants fragments selon moi (et d'après ce que j'ai pu lire jusqu'à présent). J'aime beaucoup ce personnage de Maël... Je remarque une nette progression au cours de la lecture de tes fragments, Tureïs...L'histoire est très prenante, on se croit vraiment dans la vie de ce personnage! Magnifique fiction. Félicitations! Je suis tout simplement FAN!!!!
|
|
Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #24 - Nuit d'angoisse 25.08.09 14:12 | |
| Bienvenue Lysithéa ! Je suis ultra content que mon personnage te plaise. Vivement que tu aies tout lu pour qu'on puisse en discuter :) | |
|
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Fragment #24 - Nuit d'angoisse | |
| |
|