Fragment #37 - Possédé

Florian me plaque contre le mur en me tenant par le cou. Tout ça parce que j'ai eu le culot de lui rappeler ce qui s'est passé il y a treize ans, quand il s'est fait poignarder en allant au collège. Tout ça parce que je m'inquiète pour lui, même si il affirme qu'il ne veut plus toucher à son jeu vidéo. Et maintenant, il me tient contre le mur, ses mains viriles accrochées à moi avec force, son souffle contre le mien, ses yeux plein à quelques centimètres de mon visage. Je sens tout son corps et ma peur qui grossit, et je repense au jour où il m'a frappé, l'an dernier, quand Julian était encore en psychiatrie. Florian est contracté, sa violence brûle à fleur de peau, son agressivité d'homme sent la sueur et je respire cette odeur à pleine bouche. Et je sens que ça commence à durcir dans mon pantalon, entre mes jambes, ça commence à durcir et j'ai honte parce que je bande pour mon frère, je bande parce que ça m'exciterait, là tout de suite, qu'il me frappe, qu'il me cogne, qu'il me mette en sang. Je voudrais le sentir se déchaîner sur moi, m'arracher mes habits, me violer. Je voudrais être son souffre-douleur, un moins que rien entre ses mains. Je voudrais embrasser ses mains, lécher ses doigts d'homme, poser ma tête sur son torse- oh mon dieu, je suis un monstre, je suis un monstre ! Comme si ça ne suffisait pas d'être homo et masochiste, maintenant je fantasme incestueusement. Florian me regarde sans comprendre ce qui se trame dans ma tête. Ou alors, peut-être que si, peut-être qu'il voit, peut-être qu'il lit mes pensées... Peut-être qu'il devine à quel point je suis horrible. Si il voyait ça, il me frapperait, et ça me ferait jouir. Non, il prendrait peur. Il me ferait interner, moi aussi, comme Julian, en psychiatrie. Peut-être que j'y verrais Guillaume... Et Dimitri n'est pas mal non plus. Je voudrais bien me faire violer par un fou dans un asile...
« Eh ben vas-y, je dis, vas-y Flo, frappe-moi, ce serait pas la première fois. Vas-y ! »
Florian me lâche, et je voudrais qu'il me crache dessus. Déjà je regrette avec nostalgie cette étreinte fraternelle et violente. Choqué, il s'éloigne, claque la porte de la salle de bain. Je me retire dans ma chambre, compose le numéro de Robin.
« Allô mon chéri ?
- Oui Lilou ?
- Je crois que je suis en manque de sexe.
- Désolé mon petit coeur, ce soir je vais au ciné avec des copines, je t'avais dit. Et comme t'aimes pas le ciné... »
Il ne me reste plus qu'à exorciser tout ça à la main.