Antarès
| Sujet: Fragment #19 - I'm Lovin' it 11.04.08 11:14 | |
| Lundi 26 février 2007 à Dijon Je remonte d'un pas pressé la rue de la Liberté. Je regarde ma montre. Treize heure cinq. Aïe ! Mauvais endroit pour regarder l'heure. Je me trouve en effet devant les portes d'un autobus, bousculée de toute part, prise entre les assauts bestiaux des voyageurs voulant y monter, et de ceux qui tentent tant bien que mal d'en sortir. « Pardon ! Pardon ! » Une petite vieille me tire la manche avec hargne. Je m'écarte sans rien dire pour la laisser monter dans le bus. Après avoir lâché un long soupir, je me remets en route. Les cours reprennent à quatorze heure, il faut que je me dépêche de trouver quelque part où manger. Je me retrouve finalement devant le McDo. C'est étrange comme on finit toujours devant le McDo quand on est en ville et qu'on a faim. J'entre dans le fast food et me place au bout de la longue file d'attente. L'odeur chaude et caractéristique des lieux m'enveloppe. Ce n'est ni une odeur de frite, ni une odeur de hamburger. C'est une odeur de McDo. C'est tout. Je ne pense pas qu'on puisse la décrire autrement. Le plus étrange avec cette odeur, c'est qu'ici, elle n'est pas désagréable, alors que dans n'importe quel autre endroit, elle serait des plus écœurantes... « Mademoiselle ! » Je suis tirée de mon analyse olfactive par la serveuse attendant que je veuille bien passer ma commande. Je monte à l'étage avec mon plateau, composé d'un Royal Cheese et d'une portion de potatoes. Forcément, il y a un monde fou et je mets quelques minutes avant de trouver une place. Je pose mon plateau, m'assois et souffle un bon coup. « Hé ! Déborah ! » Je tourne la tête et découvre avec effroi qu'à la table adjacente se trouve Anne-Laure Delfosses, sans doute l'une des personnes que j'ai le plus haï depuis que j'ai été mise au monde voilà dix-huit ans. Ca me coupe l'appétit. Combien de chances y avait il pour que je me retrouve à cet instant précis dans ce restaurant à côté de cette fille ? Mais après tout, Dijon est une petite ville, il faut s'attendre à ce genre de rencontre. Comme à son habitude, Anne-Laure fait semblant de s'intéresser à ma vie. Je pense que c'est la plus grosse hypocrite que je connaisse. Et puis, ce petit air de miss-parfaite qu'elle se donne en permanence, c'est insupportable. « Et alors la fac tu t'en sors ? C'est pas trop dur ? » Je réponds par un « Non, ça va » qui semble plus adressé à mon hamburger qu'à mon interlocutrice. Puis le blanc. Anne-Laure me regarde. Non, n'y compte pas. Je ne te demanderai pas comment se passent tes études. Je ne te laisserai pas l'occasion de me dire que tu es première de ta classe de MPSI à Carnot, ça ne m'intéresse pas. « Bon, on y vas nous. » Elle se lève, suivit par ses deux amis taupins, que je n'avais d'ailleurs pas remarqués. « A une prochaine fois peut être ! » Je croque dans mon hamburger. Il est froid. Après une minute passée à jouer avec un bout de frite perdu au milieu de mes potatoes, je quitte les lieux. L'odeur me répugne. | |
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