Procyon
| Sujet: Fragment #182 – Léché 23.02.09 21:09 | |
| Lundi 23 février 2009 à Paris 04h27. Un froid sec. Une famille qui a froid et décide de brûler quelques bûches dans la cheminée. Le sommeil qui les prend. Le feu de cheminée qui se réveille en pleine nuit, et des habitants d'une ruelle parisienne sortis de leur sommeil par des sirènes. Je suis là, cramponné à ma lance depuis sept minutes seulement, mais la chaleur est déjà insupportable. Aucun mort, mais un immeuble entier qu'il faut évacuer en pleine nuit. De la sueur me coule entre les deux yeux. Si je le pouvais j'essuierais ces perles d'un revers de la main ; même avec mon gant sale. Malheureusement je suis obligé de la laisser me chatouiller sous peine d'intoxication. Oui, je préfère ne pas enlever mon masque. De plus mes mains cramponnent ma lance, et vu la puissance de l'eau il serait quasi-impossible pour moi de la lâcher. Quoique ? À bien y réfléchir, si, je peux la lâcher. Par contre si mes mains déserrent la lance, cette dernière risque fort de me revenir dans le ventre avec la puissance de l'eau qu'elle éjecte. Cinq cents litres minute, à presque quatre bars de pression. C'est quelque chose. Je bénéficie pourtant du soutient de Momo. Son épaule contre la mienne, nous progressons en avant. À moitié accroupi, il regarde d'un côté et moi de l'autre. Nous avons besoin d'une grande vigilance pour éviter de se faire enfermer par les flammes ; pour que des morceaux de plafonds ne nous tombent pas dessus ; pour ne pas nous faire surprendre. Bien que cinq ou six binômes soient dans l'immeuble, il n'y a pas d'autre bruit que celui de l'incendie. Chacun se tait. Observe. Nous communiquons par signes. De toutes façons, à travers les masques on ne se comprendrait pas ; quand bien même les sons nous parviendraient. Je me fais surprendre par un retour de flamme, la vague ardente vient lécher mon visage, je me retourne instinctivement. Je me relève aussitôt, modifiant d'un tour de poignet le jet de la lance. Un jet diffusé de protection devient plus approprié. Je n'ai pas peur. Je crois que j'ai appris à ne plus avoir peur de ces choses là. C'est peut-être ça qui est dangereux. Ne pas savoir où est le risque. Pourtant je les connais les dangers et les risques, aussi je réagis en connaissance, et non par impulsion ; voilà sur quoi se base ma protection. Les flammes se rapprochent. Je lui fais signe, il acquiesce et nous reculons de quelques pas. Méthode TZO : le feu recule. Je lui fais signe, il acquiesce et nous avançons de quelques pas. Un sifflement se fait entendre. Je tourne la tête, Momo est en train de vérifier sur son manomètre. Il n'a plus que cinquante bars dans sa bouteille, il nous faut redescendre. Je ferme la lance, puis la rouvre à peine pour que la pression ne fasse pas éclater les tuyaux, puis la dépose à mes pieds. Nous nous retournons. Je mets ma main sur son épaule, il a la sienne sur la ligne guide. Nous redescendons par les escalier. Un noir opaque inonde ces escaliers, notre descente se fait à taton. Nos yeux s'étaient habitués à l'incandescence des flammes qui brillaient jaune ou rouges selon ce qu'elles brûlaient. Selon ce qu'elles brûlent encore. Ma bouteille se met elle aussi à sonner. Il est temps que nous arrivions dehors. J'aperçois les clignotement des gyrophares, plus que quelques mètres et nous seront dehors. Le contrôleur note à côté de nos noms l'heure de sortie, et la pression résiduelle dans nos bouteilles. Je détache dans un soulagement mon masque. L'air frais de la nuit vient enrober mon visage en sueur. Nous allons nous mettre à disposition du chef d'agrès qui, comme comme nous le pressentions, nous laisse de côté pour trente minutes. Ce sont trente minutes de repos. J'enlève ma bouteille, mon casque, ma cagoule, et descends la fermeture éclaire de mon textile. Je m'aère. Je monte dans le camion et ferme les yeux. Momo monte également. « Tu crois qu'on y retourne ? - Vu l'ampleur, dans une demie-heure on a une nouvelle bouteille sur le dos, et ce sera parti pour quarante nouvelles minutes de fournaise. » Je prends une bouteille d'eau et en bois d'une traite presque la moitié. Il faut croire que ça m'a donné soif. | |
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