Fragment #58 - Inquiétude

La pluie tombe violemment. Aidées par le vent, les gouttes martèlent la vitre du salon et le bruit des centaines d’impacts emplit la pièce de sa musique apaisante. Mon appartement me semble être un cocon qui me préserve et me régénère. Le quitter me perturbe, je ne sais combien de temps il me faudra pour me trouver mon propre appartement, sur Paris, et la cohabitation avec ma sœur m’inquiète.

Mon corps réclame la tendresse et le partage. Depuis jeudi, Elyan occupe l’essentiel de mes pensées. Le contact de sa peau me manque, le galbe de ses fesses s’impose à mon esprit, de même que son visage extatique durant cet acte sexuel.

La violence du rapport m’inquiète. Je n’ai jamais été quelqu'un de calme au lit, cependant Elyan a éveillé en moi une part sombre, il m’a révélé des abîmes dans lesquelles je pourrais me perdre. Je souhaitais le blesser, l’humilier pourtant, plus j’étais brutal plus son plaisir augmentait. Cercle sans fin qui nous a mené à la jouissance. L’intensité de mon plaisir et la dépendance que je ressens augmente mon malaise.

Depuis janvier, j’avais réussi à oublier la violence dont j’avais fait preuve en quelques occasions. Mais, pour être honnête, chacuns de ces meurtres suscitaient en moi une excitation sexuelle sans nulle autre pareille.

Je ne veux pas y penser.

Mes mains cherchent la télécommande et allument la télé. Je me perds dans l’hébétude et le vide des émissions proposées.