Fragment #59 - Départ

La journée a été magnifique, comme pour compenser la pluie d’hier. Le soleil de fin d’après-midi me chauffe doucement tandis que ma cigarette se consume lentement. L’absence de vent accentue la sensation de chaleur. Dans l’air flotte un avant goût de printemps. Assis à la terrasse d’un café, un coca posé devant moi et deux sacs de voyages à mes pieds, je m’apprête à aller prendre le train, qui me mènera chez ma sœur, au sept rue Oberkampf.

Les terrasses de la place du forum sont vides et quelques passants déambulent. Cette ville va me manquer malgré tout. Le centre piéton est magnifique, l’agencement urbain rend à cette agglomération, de taille respectable, une dimension humaine. Je ne trouverai sûrement pas ce confort de vie à Paris.

La poste doit faire suivre mon courrier chez ma sœur et toutes les dispositions ont été prises. Mon préavis a été envoyé, ce qui me laisse deux mois avant de me retrouver sans domicile.

Je paye et saisis mes sacs. La gare n’est qu’à quelques minutes à pied et j’ai le temps de m’offrir le luxe d’une dernière ballade dans la cité. Les rues sont vides, comme toute ville de province un dimanche après-midi. J’arrive place René Gobelet, entièrement refaite depuis un an. La gare se profile à l’horizon. Elle est splendide avec sa verrière et ses fontaines, émergeant du dallage de granit blanc qui délimite l’ensemble de l’espace piétonnier. Le soleil donne une couleur dorée à la ville : sol brillant de mica incrustant la pierre blanche et immeubles aux façades blanches immaculées.
Ce sont les dernières images d’Amiens que j’emporte : paix et tranquillité.