Bételgeuse
| Sujet: Fragment #173 – No lullabies 27.02.09 23:33 | |
| Samedi 14 février 2009 à Paris La nuit tombe, enveloppant la chambre d’hôtel de ses bras sombres. Je suis toujours en peignoir, affalée sur un énorme fauteuil, et la bouteille de bourbon est presque vide. Je n’irai pas allumer la lumière, pour me dévoiler encore plus tristement nue que je ne le suis. On est le 14 février, et je suis à des centaines de kilomètres de là où je devrais être. Je n’aime pas la Saint Valentin, je n’aime pas aimer, et je déteste dire que j’aime, et pourtant, je ne devrais pas être ici, blottie contre un fauteuil froid, dans un peignoir qui sent la cigarette, à finir seule mon whisky. Je ne sais pas ce qu’elle fait, est-ce qu’elle pense à moi ? Est-ce qu’elle a voulu m’appeler, puis s’est souvenue que je ne voulais pas la voir aujourd’hui ; se doute-t-elle que je pense à elle ? Pardonne-moi, Lulla, de ne pas être celle qu’il te faut, celle qui te fait livrer des fleurs blanches sans raison, celle qui te sourit juste pour voir ce reflet dans tes yeux, celle qui se contente d’être heureuse grâce à toi. Pardonne-moi d’aimer la coke plus que toi, de partir si souvent et si loin, de ne pas vouloir de ton aide pour vivre simplement. J’ai besoin du serpent qui déchire mes entrailles, et de cette mélancolie qui ne me quitte jamais vraiment, et de brûler toujours plus ; de ces flammes dans mon ventre que rien n’éteint, de la colère contre le monde entier. Comprendras-tu un jour qu’on ne peut vivre paisiblement ? Si je m’endors, je meurs. Briser, casser, empoisonner, c’est pour cela que moi je vis. Pardonne-moi d’avoir peur de vivre plus que de mourir. Ne m’en veux pas de ne pas parler, j’ai si peu de jolies choses à dire, et je faiblis à l’idée de me dévoiler. Pardonne-moi de ne pas vouloir te montrer mes larmes et les faiblesses qui se cachent, au fond. Pardonne-moi de ne pas avoir le courage de t’envoyer un simple message, c’est ma fierté qui m’en empêche, et m’en empêchera toujours. Aujourd’hui, on est le 14 février, et je suis terriblement vide. J’implore en vain que l’on vienne me chanter une berceuse et me prendre dans ses bras pour pouvoir trouver le repos. Mon corps n’est qu’une enveloppe, et à l’intérieur, j’ai trois ans et besoin de pouvoir compter sur l’amour de quelqu’un. Mais je me heurte à la réalité : j’ai vingt-quatre ans, une bouteille de whisky ne suffit plus à me défoncer, et j’ai perdu ma berceuse. Lullaby. Je t’en supplie, ne me laisse pas seule. Dehors, il fait nuit noire, et une goutte chaude et salée roule le long de ma joue.
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #173 – No lullabies 27.02.09 23:35 | |
| La petite musique à écouter avec (parce que le texte a été écrit avec) :
Perry Blake - No lullabies | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #173 – No lullabies 27.02.09 23:36 | |
| :( La fierté... oui, je crois que c'est ça, le plus gros défaut de Sylvia... | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #173 – No lullabies 01.03.09 19:08 | |
| Mais Betelgeeeuuuse viendrait pas d'nous sortir lo Sylviao autodestructrice ??? :P
Sans plaisantoir, très joli frag, mais très en retard, et aussi très seul!! (des autres !!!) | |
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| Sujet: Re: Fragment #173 – No lullabies | |
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