Antarès
| Sujet: Fragment #40 - Blanche Prison 11.04.08 11:36 | |
| Dimanche 28 octobre 2007 à Dijon Encore une journée cloîtrée ici à ne rien faire. Je vais devenir folle. Mais je n'y peux rien. Bouger le moindre orteil me demande un effort incommensurable, alors, tout ce que je peux faire, c'est rester allongée, les yeux fixés sur le téléviseur qu'on m'a apporté, seule distraction possible dans cette chambre qui transpire l'ennuie. Me voilà donc condamnée à regarder les folles aventures des nouveaux candidats d'une énième saison de la Star ac'. Au moins, je n'ai pas besoin de trop réfléchir. De toute façon j'en suis bien incapable. J'ai l'impression que mon cerveau tourne au ralenti. C'est peut-être à cause de ces trucs qu'ils mettent dans mes perfusions. Merde, je deviens complètement parano à rester ici. J'ai l'impression d'être prisonnière. Prise en otage par mon propre corps, séquestrée dans une prison aseptisée à l'odeur d'éther. Derrière la porte, les infirmières montent la garde, toutes vêtues de blanc. Du blanc. Partout du blanc. Des infirmières blanches, des médecins blancs, des murs blancs, des draps blancs. Il paraît qu'en Chine, c'est la couleur du deuil. Je comprends pourquoi maintenant. Tout pue la mort ici. Des couloirs jusqu'aux draps. Peut-être y a-t-il eu un cadavre dans ce lit avant que je n'arrive. Tout à coup, la porte s'ouvre. Sûrement une de ces infirmières fantômes venant constater que je suis toujours en vie. Piquée par la curiosité, je fais un effort surhumain et parviens à faire pivoter ma tête de quelques degrés sur la gauche. Non, ce n'est pas une infirmière. Je plisse les yeux pour mieux distinguer les traits de la personne qui se tient dans l'encadrement de la porte. Un jeune garçon, chétif, me regarde d'un air bienveillant. Dimitri. Mobilisant toutes mes forces, je lui sourie. Il me le rend aussitôt et s'approche. J'ai les larmes aux yeux. Il m'a tellement manqué. J'ai l'impression de revivre. Merci. Merci d'être venu. Merci d'avoir entendu mon appel. | |
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