Dimanche 8 mars 2009
à Dijon
0h34. On s'inquiète quand même. Il ne faut pas croire qu'on ne fait que de s'amuser à cette fête surprise organisée pour l'anniversaire de Lilian. Déborah
a finit par nous faire cuire des pâtes il y a quelques heures déjà. On avait bu seulement le bouteille de Champagne qu'elle a apporté, mais
ça a suffit pour la rendre guillerette. Disons que je lui ai fait des avances qu'elle n'a pas repoussé pendant qu'elle tournait les pâtes. Ça n'a pas duré car je ne voulais pas laisser mon Lilou tout seul le soir de son anniversaire. Parce qu'effectivement les autres ne sont pas arrivés. Ni Florian l'organisateur. Ni Julian et Lola exceptionnellement venus. Ni Robin l'amoureux. Personne de plus que Deb et moi. Assis sur les fauteuils du salon tournés en triangle, nous nous faisons quelques confidences. Nous sommes assez proches. Il n'y a pas un bruit dans cette maison. Seulement le bois qui craque de temps en temps. Déborah est vraiment mignonne. Tout à coup le téléphone sonne. Lilian repousse son fauteuil et va répondre. Il devient soudainement encore plus blanc qu'il ne l'est d'habitude. Mon Lilou. Que se passe-t-il ?
Il raccroche.
« Qu'est-ce qui se passe Lilou ? »
Il ne répond pas, cherche un numéro dans son petit carnet et le compose sur le clavier. Je prends sa main.
Non. Ça y est j'ai compris. Non. C'est une blague. Je voudrais tellement avoir tort. Ça fait
parti de la surprise. C'est pas possible. Deb aussi a compris. Elle s'est rapprochée. Ses bras frêles nous enserrent. Nous partageons nos larmes. Je me redresse, et
sert contre moi ces deux corps ténus secoués de sanglots. Je ne peux réprimer moi-même des flots de larmes. Robin est mort. Robin est mort. Et les autres ? Où sont-ils ? Robin est mort. Et Julian ? Robin est mort. Et Lola ? Robin est mort. Et Florian ? Robin est mort. Et Kokhavah ? Robin est mort. Décédé. Fini. Parti. Loin. Noir. Mort. Croix. Cape. Mort. Orage. Nuit. Cimetière. Rayure. Mort. Mort. Mort.
Larmes.
Robin je le connaissais bien. Que dis-je, je le connais bien. Je le connais toujours, je ne l'ai pas encore oublié. Nous ne devons pas l'oublier. Il va falloir soutenir Lilian. Malheureusement je repars demain matin. Et ça je ne peux rien y faire. J'essaierai de revenir le plus rapidement possible. D'ici là il faudra qu'il soit fort. Mon Lilou. Je le
sers contre moi, comme si je pouvais amoindrir sa douleur en le rapprochant de ma chaleur. Ses yeux pleurent ce que son corps crie. Il convulse et se crispe.
Ne pas dire que ce n'est pas grave. Ne pas dire que ça va aller. J'ai déjà vu tellement de gens
mort sur la route. Ca ne me fait quasiment plus rien ; mais là c'est différent. Robin je le connaissais. Je le connais. Il n'est pas un autre. Ce n'est pas un fait divers à mes yeux. C'est un drame, un cataclysme. Je pense à ses parents, à sa famille, à ses amis. À Lilian. À mon Père.
Papa. Lui aussi parti trop tôt.