Fragment #77 - La vie n'est que mouvement

Je me suis levé à onze heure aujourd’hui. L’absence de rythme, l’absence de but, est en train de me tuer à petit feu. Je ne sais plus comment remplir mes journées. Je me promène, je vais à la salle de sport, je bois des cafés, je fume, je lis un peu régulièrement. Mais les heures ne sont que des trous à combler, des vides à meubler. Je ne crois pas que ce soit réellement le sens de la vie. Si j’avais une marotte le monde me semblerait moins terne.
Ou si j’étais amoureux…
Je pense que je vais devoir me chercher un emploi. Babeth voudrait que je me trouve un vrai poste, avec des responsabilités, des horaires de dingue et une bonne paye. Elle voudrait que j’acquière un statut social, que je mette à profit mes diplômes de droit pour passer des concours, peu importe lesquels. Elle ne comprend pas que je puisse me contenter d’être vendeur ou pion. Elle ne comprend pas mon manque d’ambition. Ma sœur est chanceuse car elle a une passion et qu’elle peut s’y épanouir, se battre pour travailler dans ce domaine en devenant professeur de faculté. Je n’ai jamais été monomaniaque. Je suis un touche à tout, plutôt doué dans tout ce que j’entreprends.
Je sens que mon cerveau rétrécit au fond de mon crâne, qu’il me supplie d’exercer mes neurones. Je sens que mon cœur me prie de trouver une passion, une obsession qui lui donnerait le sentiment d’être vivant, de battre pour quelque chose.
Si j’étais amoureux…
Cette pensée me fatigue et me renvoie en permanence à Nicolas. Pourtant lorsque nous sommes sortis ensemble, ça n’a pas fonctionné.
Parfois l’amour ne suffit tout simplement pas.
Je n'aime pas se sentiment de défaite qui se glisse en moi, je n'aime pas ce goût d'amertume qui recouvre ma vie depuis quelque temps. Il faut que j'agisse, que je me meuve. La vie n'est que mouvement, l'immobilité, l'absence de chaleur qui en découle ne mène qu'au néant.
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