Altaïr
| Sujet: Fragment #64 - Changer de ville, changer de vie 21.03.09 19:45 | |
| Samedi 21 mars 2009 dans le train à destination de Paris, et à Paris Ma valise derrière moi dans le wagon, avec toutes mes affaires de voyage, j'ai soudainement l'impression de ressembler à Julian, quand, en 2006, il était monté à la capitale pour une durée indéterminée. C'était l'époque où, lui et moi, nous nous parlions peu, parce que je ne voulais avoir de contact avec personne après m'être fait éjecter de mon groupe d'amis, et parce que je croyais qu'il avait quitté la maison car il ne nous aimait plus. Il aura fallu attendre 2007 pour que notre relation se réchauffe, à partir du jour où nous avons emménagé ensemble rue du Docteur Chaussier. Aujourd'hui, j'ai laissé cet appartement entre les mains de Florian. Je sais qu'il ne pourra pas payer le loyer tout seul, alors je continuerai à envoyer l'argent que me donne papa depuis Paris. Ce n'est pas parce que nous ne nous entendons pas que nous ne sommes plus frères. Et après tout, j'ignore combien de temps je resterai à la capitale. Julian, quand il est monté à Paris, avait dix-neuf ans. Un an de moins que moi. Ce qu'il devait se sentir perdu là-bas ! Ce qu'il devait se sentir jeune ! Je m'assieds sur mon siège à côté d'une grosse dame qui empeste le parfum. J'aurais tellement aimé me retrouver coude à coude avec un bel homme brun et viril, et sentir ses doigts caresser les miens, comme lors de ma rencontre avec Robin. Une main sur mon visage. Fermer les yeux. Ne pas regarder le paysage qui défile par la fenêtre. Oublier. Ce chemin, je le prends pour reprendre pied, pour laisser tout cela derrière moi. Je ne veux pas revoir Robin et notre passé en chaque chose. Les objets, les odeurs, les atmosphères, tout est empreint de souvenirs et propice à déclencher le mystérieux mécanisme de la mémoire. Impossible de retourner à la fac, dans des amphis où je ne connaissais que lui, ni au Dionysos, où nous allions boire un café de temps en temps, ni dans les bus de Dijon, ni dans les rues, ni même de rester dans cet appartement où tout me rappelle son visage, la couleur de ses yeux, le son de sa voix. Stop. Arrête d'y penser. Robin est mort et tu ne peux rien y faire. Il faut oublier. Il faut continuer à vivre et ne plus se laisser mourir comme je le fais depuis mon anniversaire. J'envoie un texto à Nicolas pour lui dire que je suis bien monté dans le train. Il me répond aussitôt par un message, précisant qu'il a hâte de me voir, et qu'il sera bien sur le quai à mon arrivée. Une heure quarante plus tard, le TGV s'arrête à la Gare de Lyon. Je descends en traînant ma lourde valise derrière moi. La voix de la SNCF nous souhaite la bienvenue dans la capitale, et déjà, je sens la foule qui fourmille, la foule immense des discussions. Je sais qu'à Paris plus que nulle part ailleurs, on se sent microscopique, atome perdu dans un amas gigantesque. Nicolas m'attend, les mains dans les poches de son pantalon chic, une jolie veste sur les épaules, le col de sa chemise parfaitement arrangé, à moitié défait pour se donner un genre. Je me sens ridicule et mal habillé, avec mon tee-shirt ébâché, mon jean délavé et informe, mes vieilles converses déchirées. Je me sens systématiquement inférieur aux autres quand je viens à Paris, ç'en est à se demander pourquoi j'ai voulu y remettre les pieds. On dirait que tous les regards sont braqués sur moi et me jaugent, y compris Nicolas, même s'il me sourit chaleureusement. Ici, je ne suis qu'un bouseux de province, et les parisiens ne se gênent pas pour me le faire sentir. Nicolas me fait la bise et passe une main autour de mon cou pour m'emmener avec lui. Je jette des regards un peu partout pour vérifier que cette attitude ne choque pas les gens, mais ici, tout le monde s'en fiche. Les garçons peuvent s'embrasser dans la rue et se tenir la main, personne n'y prêtera attention. « Tu as fait bon voyage ? - Oui, très bien. - Tu es encore plus mignon que la dernière fois tu sais... - Ah bon ? Tu trouves ?... - Et il en doute, comme c'est touchant... » Son regard et son sourire, plein d'assurance, me déstabilisent. Ce garçon me plait et m'intimide à la fois, je ne me sens pas moi-même à côté de lui, comme s'il fallait que je lui prouve quelque chose : que moi aussi je suis décontracté et que j'ai confiance en moi, que moi aussi je peux marcher comme si le monde m'appartenait et abattre les gens d'un regard. « Ça te dit d'aller jusqu'à chez moi en marchant ? - Comme tu veux, mais c'est un peu loin, non ? - Je vais m'occuper de ta valise, t'inquiète. Et puis j'ai pas envie de m'enfermer sous terre alors qu'il fait ce temps magnifique. » Nicolas prend ma valise d'une main, et, de l'autre, effleure mes fesses. Il sourit. « En fait, j'ai hâte de rentrer, on va prendre le métro... »
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #64 - Changer de ville, changer de vie 21.03.09 21:08 | |
| Allez Lilian, tu vas te remettre, tu vas voir Nicolas est adorable. | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #64 - Changer de ville, changer de vie 21.03.09 21:09 | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #64 - Changer de ville, changer de vie 21.03.09 23:50 | |
| C'est un bon moyen pour passer à autre chose rapidement, mais est-ce vraiment ce dont ut as envie ? est-ce qu'à long terme tu ne le regretteras pas ? Les souvenirs c'est bien aussi. Même s'ils sont tristes. | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #64 - Changer de ville, changer de vie 22.03.09 2:11 | |
| De quel droit tu tutoies Lilian, toi ? ^^' | |
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| Sujet: Re: Fragment #64 - Changer de ville, changer de vie | |
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