Tureïs
| Sujet: Fragment #81 - Je l'ai 24.03.09 2:12 | |
| Lundi 23 mars 2009 à Paris Je raccroche et hésite à sauter de joie. Je pense que les autres clients du BHV me regarderaient bizarrement. Un sourire, que je ne peux retenir, illumine mon visage. Ce sera la seule manifestation de mon bonheur. J’ai l’appartement. Je peux emménager à partir du week-end prochain. Je décide d’aller fêter ça tout seul. Mes pas me portent vers le marais et ses nombreux bars. J’hésite à fêter mon bonheur dans des lieux si sordides, des lieux où j’ai dragué, désiré. Je fais demi-tour et m’engage sur la rue de Rivoli pleine de passants, comme toujours. Sur la place de l’hôtel de ville, une manifestation tourne en rond : « la ronde des obstinés ». Ils protestent contre la réforme des universités. Je ne peux m’empêcher de penser que les profs de faculté auraient pu se bouger l’année dernière lorsque les étudiants s’étaient mobilisés. Je marche le long des magasins, je croise des parisiens, des touristes, des paumés, des clochards. Ils me heurtent, m’évitent, me bousculent. Et toujours ce sourire stupide qui m’accompagne, que je n’arrive pas à enlever. Je suis surpris de l’intensité de mon propre bonheur. Je savais que j’aurai cet appartement ; j’ai les fonds, je n’ai pas besoin de prêt bancaire. Pourtant l’idée d’avoir un nouveau chez-moi, un lieu où je vais pouvoir construire quelque chose, passer à autre chose, m’emplit de joie. J’imagine déjà les gens qui vont défiler dans cet appartement, y laisser leur empreinte. J’imagine ma vie, qui va évoluer, se modifier, avec cet appartement toujours en toile de fond. Ce sera mon sanctuaire, mon centre, mon cocon. J’arrive devant la place du Palais-Royal. Le conseil d’État domine les lieux et fait face à une façade du Louvre. J’hésite à continuer plus loin, vers la place de la concorde et l’hôtel Meurice. Une petite place, située devant la Comédie française, m’attire. Su le côté, un café à la terrasse ensoleillée semble convenir à mes besoins. La population est extrêmement chic et âgée, le café s’appelle « Le Nemours ». Je m’assois à une table et observe les passants ainsi que mes voisins. Les vieilles dames ont sorti leurs rangs de perles et leurs visons tandis que leurs compagnons portent de longs manteaux noirs et fument la pipe. Les plus jeunes portent des costumes bien taillés et fument des cigarettes, leurs amies sont vêtuent de tailleurs élégants et des mêmes colliers de perles. Les positions, les attitudes et les intonations sont les mêmes entre les deux générations. Vive la reproduction des classes et la protection des privilèges acquis. Le lieu est parfait. Je détonne un peu, assis en terrasse avec mon jean baggy troué, mon sweet capuche noir et mes converses abimées. J’ai d’ailleurs le temps de me fumer deux cigarettes avant que le serveur daigne venir prendre ma commande. Son regard est hautain, méprisant. On sent qu’il est fier, fier de servir. Quelle honte. Même si tu sers des conseillés d’État, des gens du Conseil Constitutionnel, des ministres ou bien des acteurs de la Comédie Française, tu restes un serveur. Ne l’oublie pas. - Vous désirez ? Son ton est blasé, je sens qu’il souhaitait que je parte et qu’il me sert dans l'unique but que je déguerpisse, une fois ma consommation terminée. Mais je suis heureux, rien ne viendra pourrir cette journée. Pas même toi. - Une bouteille de votre meilleur champagne. | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #81 - Je l'ai 24.03.09 2:24 | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #81 - Je l'ai 24.03.09 12:31 | |
| :P Moi aussi Maël je suis content ^^ Vive le bonheur le soleil et la joie ! | |
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| Sujet: Re: Fragment #81 - Je l'ai | |
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