Shedar
| Sujet: Fragment #8 - Psychopathes et sousréalistes 11.04.08 12:12 | |
| Jeudi 28 décembre 2006 à Dijon Les belles paroles de la petite dame résonnent encore en moi. Marcher avec une canne, au bord de la mort, en prônant l’amour... C’est plus qu’original. Voire même surréaliste. De l’autre oeil, c’est une petite dame pas comme les autres, qui vit seule avec un chat pas comme les autres, recueille un inconnu le soir de Noël, et dépose avant l’aube un chocolat chaud sur la table du salon. Il y a longtemps qu’on ne m’avait pas préparé mon petit déjeuner. Je m’en rappelle à peine. Même sans le boire, cela a suffit à me réchauffer le cœur. J’espère qu’elle ne verra pas qu’avant de laver le bol je l’ai prudemment vidé dans l’évier. Je n’ai pas trouvé de raison justifiant qu’elle veuille m’empoisonner. Mais parfois on empoisonne sans raison. Acceptable excuse. A d’éventuelles questions je répondrais qu’il était froid, que je n’ai pas voulu utilisé le four de peur de la réveiller. De peur qu’elle l’aie connecté à l’interrupteur d’une bombe avant de déserter la maison. Je ne serais pas surpris d’apprendre que je ne suis pas un inconnu pour elle. Parce que peu de gens savent à quel point j’aime boire un chocolat chaud au réveil. Aussi parce que la plupart des assassins connaissent leurs victimes... Dim, ta mère me paie pas mal pour que je t’aide alors bouge-toi un peu... Oui, mais ta gueule un peu aussi... Je recommence. Crois-moi c’est trivial, regarde : pour prouver qu’une fonction est impaire tu dois montrer que les ordonnées de deux points appartenant à la courbe et d’abscisses opposées sont opposées. Mais si tu commences par la fin ton prof il va pas aimer... C’est pas grave s’il n’aime pas mes calculs, je n’aime pas ses cours non plus... T’as compris ? J’acquiesce sagement de la tête. Einstein sourit, fier de lui, puis me salut et s’empresse de partir. Gagné... C’est toujours très jouissif de faire sortir de sa chambre des gens qu’on n’apprécie que moyennement. Au risque de rencontrer des psychopathes, je préfère les surréalistes aux sous-réalistes. Ils sont moins ennuyants. Et moi je n’aime pas m’ennuyer. Autant dormir. Chez la petite dame j’avais bien dormi. Je retournerai la voir. Au moins pour récupérer mes clefs, qui dorment encore là-bas. Et puis pour savoir. Savoir ce qu’elle sait d’autre à propos de moi. Mais pas demain. Si jamais je dois mourir, je ne veux pas que cela arrive demain... Demain j’irai voir comment va le sous-bois. J’irai voir combien de lampadaires ont péri sous l’hiver. Combien de parcmètres ont fané alors que le premier manteau de coton n’est pas encore tombé... | |
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