Fragment #77 - Satisfaction

La porte claque derrière moi. C'est raté pour le retour silencieux. Nicolas, de toute façon, ne dort pas. Allongé sur le canapé dans le salon, les yeux rivés sur l'écran plat qui gerbe dans ses rétines, il ne tourne pas un seul instant la tête dans ma direction, ni ne prononce le moindre mot.
Penaud, je viens m'assoir à côté de lui. Il décale ses pieds nus et les pose sur mes cuisses, et j'entreprends de les caresser, avant de m'étendre, la tête sur son boxer. Une raideur gonfle contre ma joue. Je souris.
« C'était bien ? il demande.
- Oui, je réponds.
- Mais encore ?
- C'était bien. »
S'il te plait Nicolas, ne me demande pas si c'était mieux qu'avec toi, je ne peux pas juger. C'était juste différent. C'était un autre corps, une autre odeur, une autre voix, d'autres mouvements. Un autre sexe, une autre façon de me prendre. Des bras maigres, un corps menu et osseux, musclé malgré tout. Des cheveux longs et blonds. Une barbe piquante.
Je passe mon pouce sur mes lèvres brûlées, les humecte avec ma langue et étale ma salive en regardant la télévision. Nicolas baisse son caleçon et colle son pénis contre ma bouche. J'ai déjà passé la soirée à sucer et à me faire prendre en tous sens, je n'ai plus ni l'envie ni l'énergie nécessaire. La main de Nicolas glisse dans mes cheveux et les agrippe fermement, puis soulève ma tête pour me forcer à prendre son sexe dans ma bouche. J'obéis, docile, et commence à le sucer.
Nicolas ferme les yeux et pousse un râle de plaisir. Je sens dans ses gestes une folie méconnaissable, comme si l'alcool contrôlait davantage ses gestes que son esprit. Il accélère les mouvements et je sens que ma mâchoire va lâcher, tandis qu'il cogne au fond de ma gorge et me ferait presque vomir.
« Alors petit salaud, tu as baisé avec mes voisins et tu m'as rien dit hein ? »
Je ne réponds pas, car il donne des coups de plus en plus fort, de plus en plus vite. Mon coeur panique et s'emballe, mon corps se crispe de peur.
« J'ai vu les historiques de conversation, mais je comprends pas, dis-moi, pourquoi tu m'as jamais rien dit Lilian ? Tu me fais pas confiance ?! »
Nicolas est comme fou, il a dû prendre quelque chose qui altère sa raison. Je sens que mon fantasme va se réaliser, et je prie pour que ça ne soit pas le cas, car il me terrorise. Nicolas me jette par terre et me roue de coups de pied, puis enlève mon pantalon, arrache mon boxer, et essaye d'enfoncer une main dans mon cul. Je me débats, horrifié, essaye de fuir en rampant.
Nicolas se relève, ferme son poing et m'assomme violemment. La tête me tourne, je ne comprends plus rien. Il me traine, à même le sol, comme un paquet, jusque dans sa chambre. Me jette sur son lit. Déchire ma chemise. Il me dit qu'il va me faire ma fête.
A côté de moi, un autre corps, nu, est allongé. Matthieu émerge d'un demi-sommeil, la gueule embuée d'alcool et d'autres substances que je ne connais pas. Il me regarde et sourit d'un air mauvais.
« Regarde ce qu'on va se taper, mon pote, lance Nicolas avec satisfaction. »