Lundi 11 mai 2009
à Villeneuve-Saint-Georges
21h34. Nous avons passé un super weekend dans Paris. Beaucoup de repos, de câlins, de tendresse. Ma Laura aussi a été formidable. De quoi me faire papillonner au dessus de mes calculs de perte de charge, nettement moins intéressants ; et bailler aux corneilles ici ce n'est guère accepté.
« Firent, si tu bosses pas, va te coucher. »
Le surveillant me ramène quelques années en arrière, lorsqu'au collège on lançait des boulettes de papier mâché pendant les heures de permanence, et qu'on risquait de se faire surprendre. Les heures de perm' où le jeu était d'éviter le plus possible le regard du pion, et de faire semblant de travailler lorsqu'il s'approchait.
« Allez, me regarde pas comme ça. Si tu montes pas dans ton dortoir dans les trente secondes c'est trente tours de terrain avant de pouvoir y aller ! »
Je ferme mon classeur illico presto et me lève du banc. Une fois dans l'allée, j'adresse un clin d'œil discret à ma voisine qui me répond sans tourner la tête par trois doigts dissimulés sous la table. Je souris en quittant la salle d'étude.
Je marche droit dans la cour plongée dans l'obscurité. Au premier virage je stoppe net dès que je suis sûr d'être hors de vue. Je regarde ma montre en m'adossant contre le mur. C'est parti pour trois minutes.
Un vrai weekend de bonheur. Nous l'avions attendu depuis deux semaines ce weekend. Quand j'y repense, je me demande comment nous avons pu avoir le courage de revenir ici. Peut être justement pour profiter de ces escapades irrégulières et fantaisistes. J'entends la porte claquer à nouveau, suivie de pas précipités, qui ralentissent en s'approchant. Je regarde ma montre, et relève la tête sur ses yeux brillants. Ses lèvres se sont déjà emparées des miennes, mes mains se vengent sur sa taille que je serre contre moi. Une journée. Une journée entière je n'ai pas ressenti ce mouvement chaud en moi. Ce truc qui vous enserre la poitrine alors que le palpitant bat la chamade. Cet indicible bonheur que je ne partage qu'avec elle.
« Tu m'a manqué !
- Toi aussi ma belle. »
Nous savons elle et moi que nous devons faire attention. Ici personne ne sait, et à l'extérieur seule Laura est au courant de notre idylle. On ne tient absolument pas à se faire chambrer par toute la promo ; ni même à être le bouc émissaire de gradés dégradants.
La porte de la salle d'étude se fait entendre à nouveau. Aussitôt, les verrous qui semblaient fermer nos étreintes volent en éclat, et nous retrouvons chacun, une liberté acceptée à contre-cœur, qui nous fait courir dans deux escaliers différents. Un dernier coup d'œil, et elle disparaît jusqu'à demain.
Jessica.