Shedar
| Sujet: Fragment #28 - A peine 11.04.08 12:34 | |
| Samedi 26 mai 2007 à Dijon J’arrive au point de rendez-vous en même temps que Déborah. Et sourire quelques secondes est agréable bien que largement insuffisant pour détendre l’atmosphère. Cela n’en donne même pas l’illusion. Autour, les nuages ont a un air de nuage, les cheminées un air de cheminée, les fenêtres un air de fenêtre, les trottoirs un air de trottoir, les voitures un air de voiture, les gens un air de rien, comme d’habitude. Pourtant... Et Déborah sait l’importance que ce jour a pour moi, et l’influence qu’il pourrait avoir sur les suivants, jusqu’au dernier. Elle sait que ce jour pourrait être le premier d’une nouvelle guerre intérieure. Aujourd’hui je vais récupérer mon frère. Je l’espère. J’ai peur. Déborah le sait aussi. Romain habite au bout de la rue. Nous serons devant cette porte dans une minute, peut-être deux. Nous serons devant ce monstre que j’ai tant haï, devant ce monstre qui m’a tant de fois attaqué pendant la nuit. Ce monstre qui n’a rien d’un monstre, puisqu’il n’en serait pas un sans moi. Il ne serait qu’une porte. Je ne suis pas un monstre. Je n’ai pas peur de moi-même, je ne veux pas le croire. Pourtant j’ai peur... Nous y sommes. Déborah semble ne pas vouloir me laisser le temps de me poser trop de questions inutiles... Elle passe devant moi sans un mot et pousse ce mons... cette porte. La seule manifestation d’un éventuel mécontentement de l’objet pourrait être ce grincement mou. Puis suit le sourire confiant et précis de mon guide qui parvient enfin à me rassurer. J’entre, Déborah referme la porte derrière nous. Le couloir étroit et glacial. Les noms sur les boîtes aux lettres, illisibles. Je n’ai rien oublié. Déborah me pousse jusqu’au bord de la première marche de l’escalier. J’entame doucement l’ascension, conduit Déborah jusqu’à la porte de Romain, puis lui laisse reprendre la direction des opérations. Elle frappe. Encore. En vain. Il n’est pas là. Déborah laisse échapper un petit « désolée » de ses lèvres. Je réponds en imitant son regard... Désolé de t’avoir demandé tout cela pour rien... « Dimitri. » Romain, piqué dans l’escalier, entre deux étages, nous fixe froidement. « Qu'est-ce que tu fous là ? Dégage. Je veux pas te voir. » Il charge, nous écarte de son chemin, entre dans son appartement et claque la porte. La scène a duré quelques secondes, à peine. Le temps d’être surpris. A peine. Déborah me montre le même visage qu’il y a une minute, mais en mieux. Je suis content qu’elle soit là. Pour le reste, je ne sais pas. | |
|