Lundi 18 mai 2009
à Villeneuve-Saint-Georges
16h25. Il y a un an, même jour, même heure. Il y avait une corde, des somnifères, un radiateur. Il y a un an, au bout il y avait mon père. Comment ne pas y penser. Aujourd'hui j'ai vingt ans, aujourd'hui ça fait un an que mon père est parti, aujourd'hui je suis parti de chez moi pour oublier que j'ai vingt an le jour où mon père est parti.
Forcément cette semaine on a des cours avec un psychologue pour appréhender les interventions particulière, et il a fallu que nous commencions par les TS. Comment réagir ? Et surtout comment approcher, la victime, également assassin, pour ne pas l'effrayer, le blesser, le heurter ? Que dire ? Que ne doit-on surtout pas dire ? Qui intervient ? Combien ?
Il faut pouvoir assurer des soins, mais aussi un replis, car ce sont des personnes qui peuvent être dangereuses. dangereuses pour les autres, amis aussi pour elles-mêmes, le repli ne doit donc pas être la solution principale. Le tout est de savoir qui l'on a affaire, et de réagir en conséquence. D'où l'étude psychologique rapide de la victime. En comparaison, c'est exactement pareil que la lecture du feu que l'on fait lors de la reconnaissance sur incendie.
Souvenirs. Flashs. Son visage au bout de la corde, des mises en situations évocatrices, un vocabulaire cru, rien de tel pour avoir le moral dans les chaussettes. Je cherche soudain un soutien moral ; je sais que Jess n'est pas loin, aussi mes yeux vont vers elle, mais les siens me fuient pour nous cacher.
Je me ressaisis, je ne veux pas paraître troublé. Je n'ai pas le droit. Pas ici.
Le cours se termine avec le programme de demain, ce sera accouchement le matin et viol l'après-midi. Ce sera l'occasion de réviser les gestes tout en essayant de mettre en pratique des méthodes de communication, pour permettre à la victime de relativiser, sans pour autant minimiser son mal en ce qui concerne la victime de viol, et pour la femme enceinte de se sentir soutenue par des mains expertes, même si ce n'est vrai.
Je ne dis pas un mot du reste de la journée. Je ne veux pas risquer d'entendre trembler ma voix. J'ai droit à un joyeux anniversaire général au moment du repas. Il me réchauffe le cœur, mais pas autant, que le frôlement de main échangé avec ma bien aimée, au moment de sortir de la salle d'étude.