Tureïs
| Sujet: Fragment #107 - Des frères 03.06.09 2:10 | |
| Mardi 2 Juin 2009 à Paris - Moi ? Bah j’ai perdu mes parents il y a un peu plus d‘un an. J’ai une sœur qui s’appelle Babeth, elle a 27 ans et habite Paris. Tu la croiseras sûrement un de ces jours si elle se décide à m‘appeler. L’atmosphère, alourdie par l’alcool et la chaleur moite de l’appartement, me rend loquace. Je me sens en confiance face à son regard plein d‘attention. La lumière, tamisée, donne à la pièce un caractère intime accentué par les rythmes apaisants de Keith Jarrett en fond sonore. -Elle est plutôt casse-pieds. Elle cherche en permanence à contrôler ma vie, mais jamais de manière explicite, toujours par des insinuations mesquines. Elle est assez agaçante, mais bourrée de qualités quand elle le veut bien. Sinon j’ai un frère, Thomas. C’est lui que j’ai été voir Dimanche, il y a quinze jours. On ne s’entend pas très bien… A vrai dire, je ne l’avais pas vu depuis l’enterrement de mes parents. Il est assez… Euh, instable… Instable ? Joli euphémisme. C’est plutôt un barge. Putain, il m’a quand même menacé de me tuer si je me mêlais encore une fois de ses affaires. Il est bon pour l’asile. Lilian sourit. Je commence à connaître ce sourire. C’est celui qui veut dire : je comprends parfaitement, si tu savais… - Et toi ? T’as des frères, des sœurs ? Attends, excuse-moi. - C’est rien… Mon tee-shirt atterrit à ses pieds, je me saisis de mon verre de Whisky et pose mes pieds sur la table basse. Je dois vraiment avoir l’air beauf comme ça, en short et torse nu, mais bon… C’est chez moi. - Désolé mais il crève de chaud, je sais pas comment tu fais. - Je sais pas… Son regard à du mal à se poser sur mon visage. Ses yeux ne cessent d’aller et venir, de mes tétons à mes yeux, de mes yeux à mon short, de mon short à mes pieds… - Donc ? elle est comment ta famille ? L’alcool descend le long de ma gorge, crame mes papilles et dépose un goût de tourbe sur ma langue, réchauffe mes veines et alourdit mes paupières. Lilian semble s’être décidé à boire seul la bouteille de vin, ce qui semble le détendre un peu. - J’ai deux grands frères. Le plus vieux s’appelle Florian, il habite à Dijon. Il est divorcé, il travaille dans un hôpital, comme informaticien et il a une fille, Léa. On vivait ensemble jusqu’à ce que je parte sur Paris, mais nos rapports étaient tendus, à cause de mon homosexualité. Le second s’appelle Julian et il habite à Paris, dans le onzième, avec sa fiancée et leur fille. Il travaillait pour mon grand-père, qui est mort la semaine dernière, et il veut devenir écrivain. Il n’est pas très stable non plus, mais bon, je suppose que c’est le lot de tous les créatifs. Non, mon frère n’est pas un créatif. C’est juste un monstre. - Pourquoi Florian a-t-il un problème avec ton homosexualité ? - Il n’a pas un problème avec mon homosexualité, mais bon, il a perdu des amis suite à ça et puis... je sais pas, c’est compliqué. Merde. J’ai encore réussi à mettre les pieds dans le plat. - Je ne sais même pas comment tu t’appelles. Je souris en disant ça ? Putain, j’ai vraiment trop bu. Tu vis avec depuis quinze jours et tu ignores toujours son nom de famille. Pathétique. Ne t’étonnes pas de ne pas avoir d’amis, tu es incapable de t’intéresser aux gens. - Mon nom de famille tu veux dire ? Mahogany. Lilian Mahogany. - J’ai sauvé un mec qui s’appelait Florian Mahogany d’une agression, il y a quelques mois, dans le onzième. - Ah bon ?… - Oui, une jeune femme étranglait un mec dans le local à poubelle de l’immeuble de ma sœur, rue Oberkampf. J’ai mis la fille en fuite. C‘était ton frère, il ne t’en a pas parlé ? Je peux presque voir les pensées défiler derrière ses yeux, les réponses et les questions, l’incompréhension aussi. - Ça devait être Florian. Quand il est revenu de Paris en janvier, il était bizarre. Je me souviens. Il en était presque dépressif, mais il n’a jamais rien voulu cracher à ce sujet… Un silence, que seul la musique vient rompre, s’installe entre nous. Le destin doit avoir un sens de l’humour particulier pour me faire héberger Lilian. - Tu sais, une agression, c’est pas évident d’en parler. Mais bon, l’essentiel est qu’il aille mieux. Comment ça se passe à la boutique ? Ça te plait toujours autant ? | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #107 - Des frères 03.06.09 11:50 | |
| OUi encore les pieds dans le plat ce Maël, mais avec Lilian, ça risque d'être récurrent, tout est toujours un peu compliqué avec lui. Je crois qu'en ça il est particulier. J'aime bien ce face à face, naturel même s'il peut sembler un peu tardif... ^^ | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #107 - Des frères 03.06.09 12:08 | |
| Ah parce que Maël lui il n'a rien de compliqué dans sa vie | |
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Menkalinan
| Sujet: Re: Fragment #107 - Des frères 05.06.09 1:00 | |
| Les pieds dans le plat, les pieds dans le plat... ouais bof. Il sait pas forcément ce qu'il y a derrière, mais les questions sont aussi faites pour tester les limites. Et ils ont l'air d'apprendre à se connaître... J'aime bien ce dialogue, je le trouve riche et optimiste, encore ! | |
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| Sujet: Re: Fragment #107 - Des frères | |
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