Altaïr
| Sujet: Fragment #11 – Le sébum de vérité 14.08.09 14:02 | |
| Vendredi 14 août 2009 dans les environs de Barcelone Je regarde la fille obèse sauter dans l'eau de la piscine et la vider à moitié. Un pincement au coeur me saisit. Voir ce tas de lipides blesser le bassin sacré, ça m'est insupportable. Je reste donc là, assis sur la balançoire, et le grincement strident va et vient et couvre les cris de la grosse qui se noie. Dimanche, nous retournons à Paris. Ce sont les derniers jours de soleil et de vacances, et, au fond, ce qui me dérange le plus, c'est de n'avoir pas su percer à jour le secret de la piscine. Bientôt, je ne serai plus là, et le mystère survivra loin de moi. L'ombre de mon père continuera de hanter ces eaux chlorées, et la princesse aquatique aux cheveux vénitiens lui tiendra compagnie en secret. D'un autre côté, je vais revoir Ninon, et Lou, et Axel. Je vais entrer au Collège où une nouvelle vie, dit-on, m'attend déjà, et la vie agitée de la capitale, la foule immense, les bruits et la puanteur. Et puis les murs de la ville, les rues sans nombre, les monuments et les mendiants. Je retrouverai ma famille et notre appartement. Mais mon père ne sera pas là. Il faudrait que je pose des questions. Il faudrait percer les non-dits comme des boutons d'acné, et que la vérité coule comme un sébum. Quand elle est tombée enceinte, maman était à peine plus âgée que je le suis aujourd’hui. Si je lui dis que je suis assez grand pour comprendre, est-ce qu'elle me dira tout ? Qui il était, quel âge il avait, comment il s'appelait ? Ce qu'elle a aimé en lui ? Maman sort de la villa et passe devant moi sans me voir. Elle porte d'énormes lunettes de soleil qui couvrent la moitié de son visage, et ses épaules bronzées luisent au soleil d'un éclat parfait. Son regard se porte sur la piscine, où l'obèse s'ébat en grognant comme une laie, son père -tout aussi énorme- l'éclaboussant à l'aide de ses épaisses mains aux doigts boudinés. Maman grimace devant le spectacle de ces cétacés qui s'ébrouent, et se dirige finalement vers une chaise longue où elle étend son corps magnifique. Je voudrais qu'elle me regarde et qu'elle me lance un sourire. Qu'elle m'invite à venir et à lui parler. Mais elle ouvre le nouvel exemplaire de Oops, et oublie l'existence du monde.
Tôt ou tard, je devrai extorquer la vérité à mains nues. | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #11 – Le sébum de vérité 14.08.09 21:35 | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #11 – Le sébum de vérité 15.08.09 15:01 | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #11 – Le sébum de vérité 04.09.09 20:08 | |
| Je me demande qui t'a fait découvrir l'existence de Oops... | |
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| Sujet: Re: Fragment #11 – Le sébum de vérité | |
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