Fragment #1 - Jeanne

J'aime le sexe.

Cette simple phrase me résume à la perfection. Mais je suis une femme et une femme ne dit pas ces choses là, la chanson dit vrai. Mon appétit sexuel est sans borne, sans limite et l'expérimentation est une chose vitale pour moi. Mon choix de vie tombe alors sous le sens, je suis une pute et j'aime ça.

Il est là en face de moi et je ressens un désir presque insatiable. Il n'est pourtant pas beau, pas le genre d'homme qui éveille la passion et les fantasmes. Mais sous sa couche de gras, sa calvitie naissante et sa transpiration surabondante, il m'excite. Dans ses yeux je peux lire le désir. Mes formes sont belles, mon attitude désinvolte, ça le met dans un état second. Il n'est pas tendre, il me jette sur le lit. Je souris et ça l'agace. Le pouvoir d'une femme sur un homme à la libido peu assouvie par son épouse a quelque chose de mystique. Vous n'êtes plus rien, un objet posé là pour assouvir un désir immédiat, jetable, sans lendemain. Son anatomie est surprenante, je l'imaginais moins bien fait, les surprises sont souvent au rendez-vous. Je bouge sous son corps, il se démène au dessus du mien, transpirant de plus belle sous cet effort magnifique. Il est gauche, ce n'est pas un problème, je suis suffisamment habile pour deux.

Il me paie et part, sans un regard, j'aime autant. Je reste sur cette image sublime de ce corps laid sur le mien. La laideur a ça de magnifique qu'elle est remarquable, inhabituelle. Ca m'excite d'exciter l'improbable. Bien sûr que j'ai joui, pourquoi poser la question. Je ne comprends pas la simulation, comment ne pas prendre son pied même avec un être maladroit. Ces cent cinquante euros ajoute au plaisir. Beaucoup n'ont pas eu le choix, j'aime à penser que j'échappe à la règle.

J'aime le sexe.

C'est un fait.