Tureïs
| Sujet: Fragment #117 - Illusions de cristal 10.10.09 1:22 | |
| Vendredi 9 Octobre 2009 à Paris Trois mèches de cheveux bruns descendent sur ses yeux clos par Morphée. Derrière, les pupilles s’agitent, se déplacent pas saccades. Il rêve.
On s’est revu il y a une semaine et demie et depuis nous nous voyons presque tous les jours, de préférence dans son appartement. On ne parle presque pas, ou si peu. Ce n’est pas que nous n’avons rien à nous dire, ce n’est pas que nous avons peur de parler. On cherche juste à se découvrir, lentement. Je n’ai pas la certitude qu’il voit en moi autre chose qu’un plan. Je ne sais même pas ce qu’il pense de moi. A force de se voir regardé par les même personnes, on en arrive à croire qu’on connaît leur perception de nous, qu’il y a adéquation entre ce qu’on à l’impression d’être et ce qu’on donne à voir. La vérité est toute autre et je ne le découvre que maintenant. J’ai toujours eu la certitude de contrôler cette image qu’on les gens de moi, j’ai toujours cru être plus malin qu’eux, plus fin. Je croyais que mes illusions tenaient le choc tandis que les leurs, voiles éphémères, s’effondraient sous la perspicacité de mon regard. Il n’en est rien. Présomptueux, arrogant, mais pire que tout, juge. Le cœur blindé de certitudes quand à ma propre valeur, l’âme desséchée par un ego hypertrophié, mon esprit, que je croyais perspicace, s’épuisait à maintenir en état ces illusions de cristal aujourd’hui détruites. Il s’étiolait à chercher les failles des autres pour mieux me dissimuler les miennes, pour mieux me tromper moi-même.
Son souffle régulier caresse mon oreille. Le rythme est largo, ample, lent comme une note qui ne veut pas vraiment s’envoler.
Une phrase, dite avec gentillesse, une vérité énoncée : « Tu pourrais être quelque un de bien si t’arrêtais d‘être condescendant, c‘est dommage ça gâche une grande partie de ce que tu es.» C’est un déclic, une amorce qui ouvre en grand les fenêtres auparavant condamnées, une eau vive coule sur la plaine aride qui me servait de miroir et dans cette eau, mon reflet.
Ma main passe doucement sur sa joue, sa respiration s’interrompt tandis que je suspends mon geste. Sa peau est sans défaut. Lisse comme le monde qui renaît avec l’aube, douce comme du cachemire. Il s’en dégage une odeur de caramel.
Dernière édition par Tureïs le 10.10.09 23:35, édité 2 fois | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #117 - Illusions de cristal 10.10.09 1:26 | |
| Les quelques passages en italiques sont tout simplement merveilleux | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #117 - Illusions de cristal 12.10.09 13:58 | |
| j'en ai pensé de même. c'est trop boaoaw ! | |
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| Sujet: Re: Fragment #117 - Illusions de cristal | |
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