Tureïs
| Sujet: Fragment #122 - Alors c'est ça 15.10.09 22:04 | |
| Jeudi 15 Octobre 2009 à Paris Alors c’est ça. C’est comme ça. Il faut que je le fasse mien, que je l’ingère, l’absorbe, le digère. Je dois m’en imprégner jusqu’à ne plus en être conscient, jusqu’à ne plus le percevoir. Plus. Je dois le défendre. Je dois faire de ce discours mon discours. Je dois porter des chaînes et m’en réjouir. Plus encore, je dois moi-même fixer les entraves qui me rendent esclave. Il ne faut pas seulement se résigner, il faut aussi se trahir. Il faut. Sous prétexte d’être accepté comme quelque un de rationnel, de réaliste, il faut modifier sa perception des choses. Se formater. Idéaliste, chimérique, poète, rêveur, romantique, utopiste. Autant de termes devenus négatifs, autant d’adjectifs permettant de cataloguer une personne comme ayant un discours inintéressant, loin de la réalité ou la refusant. Alors c’est ça. C’est pour ça. C’est-ce qui justifie les choses : c’est comme ça. C’est-ce qui justifie les gens : je suis comme ça. Il faut poursuivre un idéal concret. Je dois courir après un rêve qu’on m’a fabriqué. Je ne dois pas avoir la véélité de vouloir plus, de vouloir mieux. Pourtant, peut-être que j’ai envie d’autre chose. Peut-être que j’aimerais un monde où les gens restent polis entre eux. Il est possible que j’aurais préféré vivre dans un monde où l’idéal romantique est la norme. Un monde où aimer quelque un c’est le rendre unique pour soi. Non. Ce n’est pas du cynisme ce que vous dites. N’aspirons pas à nous élever. N’essayons pas d’aller contre nos désirs implantés par la société dans nos cœurs. Ne tentons pas de quitter ce monde consumériste mais essayons plutôt de nous y intégrer. Oui. C’est plus facile de se changer soi que de changer le monde. Évidement. Rions. Oui rions. Vous avez raison. Riez. Vous êtes étudiant en Master à Assas. Riez. Le monde est à votre porté. Tel qu’il est. Ne soyons pas naïfs. Et moi ? Qu’est-ce que je veux moi ? Merci monsieur Vidal. Votre cours et vos opinions personnelles qui l’irriguent m’ont ouvert les yeux sur notre société. Merci de me faire prendre conscience de mon erreur. Merci de m’offrir l’opportunité de devenir comme vous. La porte se ferme doucement derrière moi alors que j’aurais aimé pouvoir la claquer. L’air est froid au dehors. Il s’infiltre par les moindres interstices des vêtements pour mieux parcourir la peau. Pour mieux rafraîchir mon esprit surchauffé.
C’est vraiment ça que je veux ? Qu’est-ce que je veux faire ? Je ne vais pas appeler Elyan, malgré ses efforts d’hier ça ne collait pas. Il s’est rabattu sur Lucie et a ignoré Lilian presque toute la soirée. D’ailleurs Lucie ne me suit pas hors du cours. Tant mieux je le récupèrerais sur elle. Il va falloir que je me réhabitue à suivre les cours... C'est le deuxième que je sèche cette semaine. Mais le cours d'économie c'est sûr je n'y remettrais pas les pieds. Bon qu’est-ce que je vais faire ? | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #122 - Alors c'est ça 15.10.09 22:39 | |
| Vraiment très bien écrit, ton style s'améliore de fragments en fragments... Continue ! | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #122 - Alors c'est ça 16.10.09 9:45 | |
| Ah oui c'est exactement ce que je me suis dit : Quel effort de style ! Lecture très très agréable, On sent l'intelligence dans les mots, ainsi que la fougue que l'étudiant en droit place dans une joute verbale. Bravo.
Par contre c'est vélléité, et il y a plusieurs erreurs de futur/conditionnel (par exemple : je le récupèrerais sur elle / je n'y remettrais pas )
Mais encore merci pour ce frag | |
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| Sujet: Re: Fragment #122 - Alors c'est ça | |
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