Juxta Crucem
| Sujet: Fragment #7 - Etat des lieux 23.10.09 0:46 | |
| Mercredi 22 octobre 2009 à Paris D'abord, j'ai gardé l'appartement. Parce que c'était chez moi, que je m'y sentais bien, et parce que j'y avais toujours vécu. Et puis, comme pour me forcer à admettre un changement qui m'effrayait, je l'ai vendu, j'en ai pris un autre, plus grand, plus vivant, plus lumineux. J'ai troqué les meubles Louis-Philippe contre des chaises Starck et de la décoration qui venait des quatre coins du monde, parce que c'était tendance. Lui aussi, je l'ai finalement vendu, avec tout le reste. C'était simplement à l'opposé de moi. Alors un nouveau déménagement, pour un appartement plus simple, plus calme, avec le mobilier strictement nécessaire et un espace suffisant, ni trop grand, ni trop petit, pour pouvoir m'y retrouver sans qu'il devienne l'unique enclos de mon existence. J'ai continué à enseigner, parce que j'aimais ça, j'ai écrit un peu, sans savoir où cela mènerait et j'ai revu Camille, quelques fois. Pour régler nos affaires, d'abord, par habitude, ensuite, et puis finalement pour le simple plaisir de se revoir, de temps en temps. J'ai recroisé des amis que j'avais perdus de vue, on s'est retrouvé comme si rien n'avait changé alors que, justement, nous avions tous changé. On s'est vu un peu moins, jusqu'à ne plus se revoir parce que si notre affection était la même, nos natures, nos projets et simplement nos vies étaient devenues trop différentes. Et je les ai perdus de vue à nouveau. Je n'ai pas revu le garçon de Venise. J'en ai vus d'autres, qui ne sont passés qu'une nuit, jusqu'à Hippolyte, qui en resta deux. Ce n'est pas que je n'ai pas voulu remplacer Camille. Simplement je n'ai pas trouvé avec qui le faire. J'ai rêvé, comme tout le monde, à une romance fulgurante et fortuite, au détour d'un couloir de métro. J'en ai imaginées quelques unes, en regardant d'autres voyageurs assis en face de moi, qui étaient jolis et qui avaient eu l'audace de me regarder. J'ai attendu qu'ils fissent un pas que j'aurais pu faire mais que je n'ai pas fait. Alors je les ai maudits, eux et leur lâcheté, sans paraître accepter que j'étais aussi lâche qu'eux. Et en me disant, en guise de consolation, qu'ils étaient de toute façon très loin de mon idéal. Je me suis isolé de plus en plus. J'ai mis sur le compte d'une prétendue misanthropie une simple peur panique du regard de l'autre. Je me suis enfoncé, tranquillement dans ce que je pensais être une déprime passagère mais qui relevait toujours de la même angoisse existentielle, la même question récurente et absurde sur la vanité de la vie. J'ai attendu que quelque chose se passât, en imaginant que mon salut viendrait de l'extérieur, comme un miracle. Avant de comprendre que ce n'était qu'une lâcheté supplémentaire. J'ai fini par admettre que ma vie n'avait peut-être pas de sens, mais qu'elle était nécessaire et que j'y tenais. Alors j'ai décidé de lui en donner un. C'est à peu près à ce moment là que j'ai recroisé Romain. Il doit y être pour quelque chose. Romain...c'est une longue histoire. | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #7 - Etat des lieux 23.10.09 0:55 | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #7 - Etat des lieux 23.10.09 1:13 | |
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