Fragment #550 – Hymne à la Nature

Ce soir, le ciel est rose. Mes pas me ramènent à la maison, et mes yeux sont rivés sur ce poudroiement, cette longue guirlande couleur de barbe-à-papa. Je me dis que c'est vraiment très beau, tout ça, les spectacles célestes, et que la nature me manque depuis longtemps. Je veux des étoiles et des arbres. Je veux sentir l'odeur des feuilles sous les bois, caresser les écorces et les fleurs, toucher du bout du pied les champignons bizarres, et entendre chanter les insectes et les oiseaux. Je veux m'allonger au bord d'un lac, laisser le soleil me cuivrer, et suivre des yeux le chemin de la lune entre les brillances. Je veux lire les constellations, les signes, observer la danse éternelle de ces lointains immobiles, me perdre dans les écrits illisibles. Au diable les voitures, les gens, toute cette agitation. Je veux le silence des champs, la douceur des forêts endormies. Je veux le coulis des ruisseaux glacés, la caresse de l'écume sur les plages. Je veux l'air vif et frais des hauteurs, les horizons purs, le vent qui frappe nos visages. Je veux de ces cieux roses, rouges, jaunes et ambrés, ces étendues d'azur traversées de nuées colorées. Je veux toucher les buis qui bruissent sous la pluie, les brouillards et les buées, les prés ensevelis sous des étangs de brume. Je veux que la lumière se déploie en corolles, et recueillir de l'or dans mes cils irisés. Je veux goûter les fruits mûrs d'un verger, marcher entre les combes où poussent quelques vignes. Voir les Hommes travailler la terre, distiller ses arômes secrets ; je veux de la magie et des enchantements, je veux des sortilèges. Les chemins, les sentiers, les passages. Et les lacs où dorment les épées.

Et si je quittais Paris ?