Sargas
| Sujet: Fragment #24 - Je ne sais pas comment 11.04.08 21:45 | |
| Vendredi 22 juin 2007 à Lille Ma main cherche la petite ficelle qui pend du plafond pour allumer le néon et éclairer à nouveau le laboratoire. Je ne la trouve pas. Cela m’énerve trop vite. Je pose mes deux mains à plat, dans le noir, sur l’établi et essaie de reprendre mon calme. Je suis à bout de nerfs. Mes yeux s’humidifient et une boule se forme dans ma gorge. La tristesse et la colère se mêlent pour créer un mélange nocif en moi. Deux acides qui se touchent et se comprennent et ne font plus qu’un pour ronger le peu de vie qui subsiste en moi ces derniers temps. Deux amants qui s’unissent en moi et me donnent en pâture à leur progéniture. Je sens ce mélange couler en moi. A chaque pulsation de mon cœur, il va un peu plus loin, atteint une nouvelle partie de mon être, de ma substance. Je suis dissous. Je m’évapore à son contact. Je deviens une coquille vide. Je suis un homme vide, vidé, que seule la peau dissimule. Et mon silence. Mon silence entêtant, entêté. Ce silence. Mon silence. Mon incapacité à parler, à m’ouvrir à autre chose. Mon esprit est prisonnier de mon inaction. Une partie de moi voudrait voir des choses changer mais une autre supprime toute possibilité d’évolution. Mes mains se crispent. Dans le noir j’imagine les jointures en train de blanchir. Le sang acide allant avec plus de pressions dans les recoins de mon être. Je ne cherche plus la lumière. Je sens quelque chose de chaud sur ma joue. Ca glisse tout doucement. Comme une caresse. Elle va du haut vers le bas de ma joue. Doucement, puis s’éloigne. Je sens encore sur ma peau son passage. Caresse à nouveau. Plus chaude, plus rapide. Et une autre. Puis sur l’autre joue. Les larmes coulent une à une. Ma mâchoire se contracte afin de ne laisser échapper aucun son qui voudrait accompagner ses larmes. Je suis misérable. Incapable de me ressaisir au milieu du labo, sur mon lieu de travail. La petite ampoule rouge à l’extérieur signifiant que la pièce est occupée, est mon seul gardien. Mais il faudra bien que je sorte. Les articulations des mains me font souffrir mais il m’est impossible de relâcher ma prise. Mes membres se mettent à trembler sous la crispation intensive. Mes dents semblent prêtent à exploser sous la pression démente de mes mandibules. Je ne sais plus quoi faire. Je ne contrôle plus. C’est là. En moi. Grandissant, gagnant du terrain. Rongeant tout et ne laissant plus rien. J’ai trop laissé les choses s’aggraver et maintenant, je ne peux plus rien faire. Qu’ai je fait pour mériter cela ? Quel poison s’est déversé en moi pour que je souffre tant ? Son départ n’y est pour rien. Enfin, si. Si car depuis, ça a repris. Je redeviens transparent. Je ne suis plus. Je ne vis plus. Si tu me voyais. Sofia si tu me voyais ainsi. Que dirais-tu ? Me prendrais tu dans tes bras pour me réconforter ? Pour me rendre réel ? Pour m’aimer à nouveau ? Je sens quelque chose contre mon front. Comme si une toile d’araignée frôlait mon front. Une sensation désagréable. Mes mains se détachent du plan de travail et partent à la recherche de la toile. Ma main droite la trouve. Mais c’est plus épais qu’un fil tissé par un arachnide. Mon cerveau est sorti de sa torpeur mais ma frustration est grande. Putain de ficelle du néon. Tu étais donc là. | |
|
Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #24 - Je ne sais pas comment 02.02.09 4:38 | |
| Prozac, Tranxène, Stablon, Electrolytes.... | |
|