Fragment #39 - Ce que veut cette femme

Quatre heures du matin passé. Mes vêtements sont éparpillés un peu partout sur le sol, alors que les siens sont tous au même endroit, au pied du lit, là où je l'ai déshabillée. Je ne dors pas encore. Je regarde Julie dormir. Elle est immobile, sa poitrine se soulevant à peine. Un simple t-shirt et une petite culotte couvrent son corps encore bouillant de nos ébats. Un regard vers le radio réveil, mon seul réel point de repère dans cette chambre qui ne m'est pas encore familière. Les gros chiffres verts, tels de gros yeux me fixent dans le noir. Quatre heures quarante huit. Je dois me lever tôt et aller finir deux reportages au travail. L'idée d'affronter cette journée sans avoir dormi me fait peu envie. Je me retourne vers Julie allongée sur le dos. Je passe un bras au dessus d'elle. Ma main gauche finie par se poser sur son ventre. Je ne peux m'empêcher de le caresser, appréciant ses courbes. Son ventre est plat, deux lignes de chaque côté délimitant l'abdomen musclé. Mes yeux remontent sur sa poitrine tandis que ma main continue de caresser son ventre. Je ne me rends pas compte que Julie se réveille.
« Tu sais comment réveiller une femme toi.
- Pardon. Je ne voulais pas.
- Pas grave, c'est plus qu'agréable. Continue. »
Je pose ma tête sur son épaule et regarde ma main sur son ventre. Je sens la chaleur monter en moi. Le sang afflue. Le corps de Julie est un hymne à la beauté. Une beauté à déchaîner les passions. Elle se cambre doucement alors que ma main descend de plus en plus vers son sanctuaire. Mes doigts adressent leur première prière à la divinité. Leur souhait est exaucé immédiatement, la liqueur coulant le long des portes du temple, prêt à accueillir les plus fervents adorateurs.
« Fais moi l'amour Damien. S'il te plaît. Je t'offre mon corps. »
J'embrasse chaque partie de son corps, partant de sa bouche, passant par ses seins ronds, puis glissant de son ventre à son sexe. Mes baisers d'abord doux se font de plus en plus pressant au fur et à mesure que le corps de Julie est secoué de spasmes. Je colle mon corps au sien et dans un baiser me lie à celui de ma compagne. Je sens ses chairs se contracter autour de mon sexe. Je m'assois sur le lit, elle passe ses jambes autour de moi et se serre le plus possible à moi, tentant de prendre un maximum de mon être. Puis elle me pousse sur le dos. Mes mains se saisissent de ses hanches. Je regarde son bas ventre fondre sur le mien. Confusion des chairs. Mon corps se fond en elle. Je sens ma semence s'écouler, mais son corps essaye encore d'en prendre un peu plus. Je sens tous mes muscles se crisper. Je ne peux retenir un cri, mélange de douleur et de plaisir. Mes dernières forces se sont écoulées en elle. Julie s'effondre sur moi, tremblante. Son souffle brûlant dans mon cou me rappelle combien la présence d'une femme auprès de soi est agréable. Mais alors que mes yeux se ferment, la vision de Sofia couchée sur moi me transperce l'esprit, telle une lame de scalpel. Mon esprit séparé de mon corps d'un seul coup précis. La coupure est nette. Julie sent tout de suite un changement. Elle me fixe et cherche en moi une réponse.
« Damien... Qu'est-ce qui se passe ? Dis moi. Qu'est-ce que tu as ? S'il te plaît, dis moi. »
Son visage est paniqué face au mien fermé. Je n'arrive pas à articuler un mot. Sofia étendue dans mes pensées. Julie étendue sur mon corps. Ses mains ont saisi mon visage. Je les sens sur mes joues. J'entends de moins en moins la voix de Julie. Coup de scalpel. Tout s'évanouit doucement. Je flotte dans le noir. Sofia est là. Nue. Sur moi. Nous faisons l'amour. Je jouis en elle. Coup de scalpel. Sofia est au milieu du lit, ses mains posées sur son ventre. Son visage est déformé par la douleur. Je m'approche d'elle. Je pose ma main sur son ventre. Je sens quelque chose de chaud et humide. Je regarde. Du sang. Le lit en est maculé. Sofia me prend la main. Ses yeux pleins de larmes m'implorent.
« Damien ! Damien ! Putain Damien, qu'est ce qui se passe ? »
Je reviens à moi dans une profonde inspiration. Julie est là, paniquée, presque hystérique. Je me sens mal. Un horrible goût métallique dans la bouche. Je tente de reprendre mes esprits. Tout ceci n'était qu'un rêve.
« Damien ! Répond moi !
- J'ai fait un drôle de rêve. Excuse moi.
- Un drôle de rêve ? Tu te fous de moi ? Qu'est ce que tu as ? Tu es malade ou quoi ? »
Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire. Puis elle passe sa main sur ma bouche et mon menton puis me la met sous le nez.
« Et ça ? C'est un drôle de rêve ? »
Je me redresse immédiatement. Ce n'est pas possible. Non. Mon Dieu dites moi que ce n'est pas ça.
« D'où vient ce sang Julie?
- De toi. Tu t'es mis à saigner par le nez et la bouche. Qu'est ce que t'as merde ?
- Je ne sais pas. Je ne sais pas... »