Procyon
| Sujet: Fragment #9 - Fleur de sel 12.04.08 1:04 | |
| Samedi 7 octobre 2006 à Dijon Ce soir je sors. J’ai rendez vous. C’est la première fois que j’ai rendez vous. Je ne connais pas cette fille. Il faut que je fasse bonne impression. Elle m’a juste demandé mon numéro. Je vais m’acheter une nouvelle chemise pour l’occasion. Et puis m’a envoyé des messages, auxquels j’ai répondu. Je ne savais pas quoi répondre, je ne la connais pas. Et maintenant je dois m’acheter une chemise, c’est ce que ma sœur m’a conseillé, au téléphone, car évidement, elle est encore partie sans prévenir, et pense que je ne sais toujours pas m’habiller. Bon H&M, évidement il n’y a rien comme d’habitude, alors direction Célio. Je me laisse aller sur les pavés de la rue de la liberté, je me perd à rêver qu’elle me trouve beau, à imaginer qu’elle m’aime. Je compte ses envies, sur les pavés qui s’effacent sous mes pieds, comme des pétales de marguerite qu’on arrache. Alors peut être que moi aussi je devrais l’aimer quand je la connaîtrai. Et si moi je ne l’aimais pas ? Ce serait affreux pour elle. Et ma chemise, qu’est-ce que j’en ferais? Je la réutiliserai quand j’aurais un rendez vous amoureux. Et si je n’en achetais pas ? Non, Laura m’a dit qu’il fallait. Et puis ça me fera du rechange. Pas vrai ? –silence- Allo ma conscience où est tu ? Pfft, jamais là quand on a besoin d’elle. Pourquoi au fait ne me plairait-elle pas ? Si elle ne me plaisait pas je ne lui aurais pas donné mon numéro. Pourquoi ne serait-elle pas intéressante ? Si elle n’était pas intéressante, on ne se serait pas envoyé une trentaine de messages en moins d’une journée. Pourquoi ne serait-elle pas belle ? Toutes les femmes sont belles, aucune ne l’est plus que mademoiselle Pernois, mais toutes sont belles. Mais si jamais… Bon tant pis j’entre, me sers (je sais ce que je veux), essaie, paye, et sort. Me voila dans la rue du Bourg, sac rouge en main. Chemise blanche dans sac rouge. Rayures bleues sur chemise blanche. Un arc en ciel dans ma tête. Non, il n’y a pas de « Si jamais… ». Pavillon en poupe, amarres larguées, toutes voiles dehors : je me dépêche de rentrer pour me changer, le bus passe dans quelques minutes, il faut que je cours jusque place Darcy. Je cours. Je m’essouffle, elle m’essoufflera. Je me vide. Mon esprit s’échappe, et je décide de me réjouir de cette entrevue. Ce soir je ne serai plus célibataire, je ne le suis déjà presque plus. Je transpire, je sentirai bon. Je serai là avec elle, elle sera là avec moi. Ensemble on passera une bonne soirée. J’attends tellement de ces instants. | |
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