Procyon
| Sujet: Fragment #13 - Rêve de réalité 12.04.08 1:07 | |
| Dimanche 29 octobre 2006 à Plombières-lès-Dijon Dimanche. Le jour du seigneur. Pas de repos, pas de répit, même en ce jour. Les portes de la ma salle de sport me sont toujours ouvertes. Ma salle de sport comme je dis, car le Greg, (à savoir le gardien de la salle de sport) m’a laissé les clefs, depuis quelques années déjà, lorsque j’accompagnais les jumeaux qui sont mes frères et que ceux-ci, de cinq ans mes aînés, ont quitté l’agglomération dijonnaise pour l’activité parisienne. Ma salle de sport, c’est mon repère, c’est là que je viens quand ça ne va pas fort, c’est mon Ephaïstion -en plus grand-. J’y ai passé ma journée, non pas pour ruminer, mais pour me protéger du mauvais temps, et favoriser le renforcement musculaire au profit de mon souffle. Une douche plus tard -deux en comptant la rabasse prise en rentrant- on peut me voir assis me régalant d’un délicieux repas, longuement mijoté par ma grand-mère, une recette que tout le monde apprécie : sa recette. J’ai ma salle, elle a sa recette. Et tout le monde semble heureux, tout le monde sourit, va même jusqu’à rire. Un bonheur partagé pour les quatre-vingts ans de cette doyenne. Tous réunis, la petite famille au complet, sauf le grand père mort l’an passé, et Laura disparue des écrans de contrôle de la famille Firent. Pierre et Thomas ont fait le déplacement. Ils sont descendus de la capitale ; ont troqué les uniformes bleus rayés d’une bande rouge pour un costard identique, à la couleur près. Le marron pour Pierre, le bleu pour Thomas. Pas plus bavard l’un que l’autre, le jeu constitue dans notre bout de table, à leur soutirer les impressions de leurs dernières interventions respectives. Chacun sa spécialités, Thom au GRIMP, et Pierre faisant ses classes parmi les plongeurs. Et moi ? Moi subjugué, depuis tout petit je suis leurs traces, mon père est volontaire a Plombières, moi je le serai, dans sept mois tout au plus, mes 18 ans dans la poche j’irai voir le maire. Et je me contenterai de ce peu en matière de pompier jusqu’à la fin de mes études, au bout desquelles, je l’espère, j’irai marcher sur les traces de mes aînés. Paris. C’est le prestige. C’est là qu’ils sont. C’est de là que viennent leurs paroles que je bois, comme un vin de bohème, enivrant chacun des petits bouts de moi ; hérissant, poil après poil, la peau de mon corps que je prépare. Demain, ils viendront avec moi, c’est promis ; ça fait si longtemps que nous n’avons pas ensemble chevauché ce bancs de musculation, ces vélos d’appartement, ces home-trainers, ces… Ma salle de sport, mes frangins… nous. | |
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