Bételgeuse
| Sujet: Fragment #11 - Une rencontre 09.04.08 14:23 | |
| Lundi 26 juin 2006 à Dijon Fête du cinéma depuis hier. Je me suis encore une fois prise au jeu, bien que je ne roule pas sur l’or en ce moment, et que je n’ai pas très envie de voir du monde. Enfin en plein jour ça va encore, mais j’ai de plus en plus souvent envie de pleurer pour rien. 11h36. Courage, Sylvia, debout ! D’ailleurs aujourd’hui ça va plutôt bien, je n’ai pas cette boule dans la gorge dès que je me lève, avec un peu de chance elle ne fera pas son apparition de la journée. Je m’étire un peu, fais bouillir de l’eau, sors une tasse et ma boîte de thé en vrac. La fenêtre entr’ouverte laisse passer un filet d’air chaud, il caresse mes jambes nues sous ma chemise de nuit. On frappe. A ma porte, là, on vient de frapper. Je reste un moment tétanisée. Qu’est-ce que je fais ? Je vais ouvrir à moitié nue ? Je me change, je fais semblant de ne pas être là ? A nouveau trois coups, à la fois francs et légers. Je décide d’être courageuse, pour une fois, et je vais ouvrir. Personne ne vient jamais me voir, c’est étrange. « Euh… Bonjour, je... je m’appelle Romain, j’habite à l’étage en dessous, je…je fais un gâteau, vous auriez du sucre ? » Abasourdie, je suis. Il me regarde avec une sorte d’aplomb timide très déroutant. Même pas un regard à mes jambes découvertes jusqu’en haut des cuisses. « Je euh… Je ne sais pas. - C’est quoi ce bruit ? Vous avez de l’eau en train de bouillir ? - Euh… oui ! Je reviens ! » Je me précipite pour éteindre la bouilloire et reprendre un peu mes esprits. Tout cela semble si irréel, ce mec, là, devant ma porte, avec ses yeux, tiens de quelle couleur sont ses yeux ? Je me souviens juste qu’ils m’ont marqué, mais pourquoi ? Etait-ce leur couleur, ou leur expression ? J’ouvre quelques portes de placard, avant de tomber sur un paquet de sucre à peine entamé. Ca fait longtemps que je n’ai pas vraiment cuisiné. J’aimais ça, pourtant. « Tenez. » J’essaie de sourire, mais j’arrive seulement à dessiner un rictus sur mon visage. « Merci, vous sauvez ma pâte ! Oui, enfin, ma pâte à gâteau », ajoute-t-il devant mon air décontenancé. « Quand je reviendrai vous le rendre, qui dois-je demander ? » « J’habite seule, vous n’aurez pas de problème pour ça. - Humm… euh… Merci, à bientôt, peut-être. - C’est cela, à bientôt. » La porte claque. Mes jambes tremblent légèrement, je me tiens au mur pour ne pas tomber. J’ai du mal à comprendre ce qui vient de se passer. Un ange. Est-ce que cela s’est vraiment passé ? Je ne savais pas qu’il existait des hommes si étrangement calmes, qui dégagent une telle impression de douceur brute. Je n’ai pas assez de mots pour décrire celui que je viens de rencontrer. On ne doit pas venir de la même planète. Un ange est passé.
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