Fragment #34 - Rêver aide à vivre

Il est 17h42, j’ai dix-huit minutes d’avance. Six fois le temps de retourner chez moi. Pourtant je pousse en cet instant la porte de la mairie, où j’ai rendez-vous avec le chef de centre et le maire. Comme l’indiquait la lettre officielle reçue ce week-end.
Les minutes défilent ; le stress monte, il ne devrait pas, c’est juste un entretien. Enfin je crois.
Je suis invité à entrer, à m’asseoir, à répondre, à signer.
Le chef de corps doit me faire visiter la caserne, et m’expliquer son fonctionnement. Je crois rêver. Les trois cents mètres séparant la mairie de la caserne se font sans bruit.
Nous voilà devant la petite porte rouge. Deux tours de clés. 6 chiffres tapés pour désactiver l’alarme. Une pression sur l’interrupteur, et la lumière s’allume.
« Et la lumière fut », tout s’éclaire, je suis sûr d’avoir trouvé ma voie. C’est ça que je veux. Les trois camions rouges sont là. Je ferme les yeux, les rouvre. Ils sont toujours là. Je ne rêve pas.
On fait en une demi-heure le tour de cette petite caserne. Nous échangeons quelques mots sur mes motivations. Mes disponibilités sont étudiées.
J’ai une semaine pour accepter ou refuser la place de pompier volontaire qui m’est offerte. Je voudrais répondre de suite, mais je dois déjà en référer à mes parents.
Nous nous serrons la main. Et partons chacun dans une direction.
Je voudrais crier, mais ce n’est pas correct. Alors je souris jusqu’à m’en faire mal au zygomatiques. Je veux que mon bonheur puisse se lire de loin. Malheureusement je ne croise personne, et n’ai pas l’occasion de partager mon sourire.