Procyon
| Sujet: Fragment #39 - Perce-neige 12.04.08 1:46 | |
| Mardi 23 janvier 2007 entre Dijon et Plombières-lès-Dijon Réveil difficile. J’ouvre les volets. Miracle tout est blanc. Tout est calme. Il a neigé cette nuit. Mes pas feutrés sont assourdis par le manteau blanc recouvrant le trottoir. A travers les vitres de Montchapet, on voit le ciel se fendre et perdre peu à peu de sa quantité brumeuse, de sa quantité neigeuse. Il nous tombe sur la tête. Certains camarades de classe sont absents. 12h00, j’appelle Thomas. Il est content pour moi ; et fera passer le message à Pierre. A Paris aussi il fait moche. Mais il n’a pas neigé. J’aurais bien contacté Laura pour lui crier mon bonheur. Mais impossible, je n’ai pas moyen de la joindre. Il continue de neiger. 14h00. En math, la population de la classe s’est vue pourfendre d’au moins sa moitié. Où sont-ils tous passés ? Je me sens un peu seul, seul avec mon bonheur. Heureusement que sa respiration me rappelle sa présence, car Lilian ne m’a pas décroché un mot de la journée. Il neige toujours. 18h00, je sors de cours. Enfin la journée s’achève. Le manteau blanc est plus dense. Plus épais. Plus embêtant. Je n’avais pas pensé à ça : comment vais-je rentrer ? Je téléphone à la maison, personne ne me réponds. Après de la marche, un petit bout de bus - jusqu’à ce que celui-ci se mette en travers de la chaussée – et à nouveau de la marche. Je vois enfin le panneau Plombières. Il ne me reste que cinq kilomètres. Ils sont longs. C’est plutôt encore cinq kilomètres. N’empêche, dire qu’à 17 ans seulement, je suis ma voie. Celle dont je rêve. Celle dont on rêve pour moi. La voie familiale. Je suis fier. Extrêmement fier. En fait, malgré mon pantalon mouillé jusqu’aux genoux, mes chaussures qui prennent l’eau, mon manteau trop léger, et mes gants à essorer, j’arrive entier devant la porte. 20h37 à ma montre. J’ouvre la porte. M’égoutte, pose mes gants sur le radiateur, mes chaussures sous ce dernier, et monte les escaliers. Ma mère ouvre, en me voyants arriver, des yeux à en faire pâlir un merlan frit. « Mais qu’est-ce que t’as fait pour avoir les cheveux mouillés de la sorte ? Il fallait nous le dire que tu n’étais pas rentré. On croyait que tu étais dans ta chambre. » Oui maman, bien sûr. Ils sont vraiment déconnectés mes parents. A ce point là, quand même. Ne même pas remarquer mon absence à table. J’espère que la neige ne contrariera en rien mon rendez-vous de demain. | |
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