Altaïr
| Sujet: Fragment #234 - Un cauchemar nommé Désir 12.04.08 10:50 | |
| Mercredi 30 mai 2007 à Dijon Coucou. Dit, il y a quelque chose dont j’aimerais te parler… Tu crois que tu pourrais trouver un moment pour qu’on se voie ? Lola Il y a eu la surprise, comme un choc, et puis la peur, envahissante, comme une immense armée de glace, qui a frémis le long de mon échine, jusqu’au bout des doigts. Le tempo sourd et sans fin du rythme cardiaque, de ce bébé qui croît dans le Ventre, le ventre de celle que j’ai aimé. Un martèlement qui m’enserre et m’oppresse et m’angoisse, de plus en plus fort, et murmure à mon oreille : « c’est toi le lâche » Nous sommes dans l’appartement de Maïa, la déesse Hathor à la peau cuivrée. Est-ce que je suis Arthur ? Est-ce que je suis Moi ? Je ne sais pas. Tout se froisse et se mélange. J’ignore si je rêve, ou si tout cela est réel, une sorte de fantasme halluciné, imprimé sur les murs de mon Esprit. Les hiéroglyphes tordus dansent sur la paroi du temple-appartement. Maïa s’affaire ça et là. J. et moi sommes ses prisonniers, des volutes de camphres et de santal s’élèvent autour de nous. Nous ne pouvons pas nous échapper, happés par le désir sensuel et érotique de ce sanctuaire de chair. Hathor la déesse aux seins nue entourée de ses serviteurs virils, nous comble de délices, et enivre nos sens. Je repense à L. La déesse-mère, celle qui porte le pouvoir de la Vie. Son corps au ventre bombé tracé sur la paroi. Symbole de la Matrice. Symbole de nos péchés. « Je dois vous protéger de l’homme en noir » murmure la déesse Hathor. Mais qui nous protègera de toi ? Je repose la commande sur le comptoir. Regard perdu dans le vague. Louis s’approche et me demande ce qui ne va pas. Je lui réponds que ça va. Et je m’éloigne. Il me suit du regard, de son regard sans récif. Les verres se posent sur les tables, je reviens les chercher lorsqu’ils sont vides. Les clients défilent par dizaines, par centaines. Des visages, des corps, des voix. Justin fait connaissance avec Lilian au comptoir, il lui raconte combien je suis extraordinaire, comment je l’ai sauvé, et cætera. Lilian a le regard qui brille, mais ça ne l’intéresse pas. Au fond il pense à Jed, à ses mains, à sa bouche, à son corps. Moi aussi je pense à Jed. Mais je ne le dis pas. Ca a grandi en moi à un tel point que Ca a pris trop de place, Ca va bientôt exploser. Ce n’est plus qu’une question de jours. Jed et moi enfermés dans le Temple de Hathor. Et nos mains liées par les chaînes se communiquent le pouvoir du loup. Il se propage en moi, je le sens qui enfle et qui monte. Arthur sentit que cela affluait en lui, mais il restait calme et le contrôlait, non plus par ses émotions, mais par son esprit. Briser les barreaux qui nous entravent, briser le fer et la pierre. Nos bras sont devenus des armes sous l’impulsion d’une Force surhumaine. Mais Hathor la déesse aux seins nus se dresse et des effluves de sexualités brident la puissance en nous. C’est le Désir qui nous courbe et nous terrasse. Je prends Jed dans mes bras et Arthur se retourna vers J. et l’embrassa et leur corps ne font plus qu’un je suis en toi Jed et tu ne m’échapperas pas car j’ai absorbé ta Force. Mais je suis prisonnier moi aussi, dans la Cage du Plaisir des sens et Hathor nous regarde c’est Maïa qui contemple les adeptes de son Clan avec fierté et se dit « je suis la reine de la Décadence » Je voudrais m’enfuir, car je me sens mal. Les serpents de feu brûlent dans mes viscères et s’agitent. Voilà que les murs se mettent à suinter ma peur liquide par tous les pores et je m’agite, Jed et sa peau contre la mienne et le SEXE rouge rutilant Le garçon qui est moi et lui à la fois Nos corps embrasés qui s’emboîtent et Je me réveille en sursaut, le corps nimbé de sueur. Dans la chambre d’à côté, le lit grince. J’entends les halètements de Jed et de mon frère, et mon regard se perd dans le plafond. Je soupire. Pensée vague pour Justin. Merde, qu’est-ce que je fais de ma vie ? Je vais devenir dingue... Mes doigts s’emparent du téléphone posé sur la table de chevet. Je compose un message pour Lola. | |
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